Xinran, l'auteur du livre est une journaliste chinoise, elle anime une émission de radio sur les femmes chinoises, un jour on l'appelle pour lui parler d'une étrange femme qui aurait une histoire extraordinaire à raconter, elle décide d'aller entendre son histoire. Quand elle la retrouve, c'est une vieille chinoise habillée en tibétaine qui va lui conter son histoire en une nuit et disparaître au matin.

Shu Wen a rencontré son mari pendant ses études de médecine, dans les années 50, ils étaient fous amoureux, ils ne se marièrent que quand la jeune fille eut 26 ans. Kejun, fier de son pays avait décidé de partir au Tibet où la guerre faisait rage et où ses talents de médecin étaient demandés. Trois semaines après, il partait. Son épouse reçut une brève missive, au bout de trois mois, lui annonçant qu'il était mort, sans plus d'explications, sans même les condoléances habituelles du parti. Elle ne pût s'y résoudre, Kejun était en vie, il ne pouvait pas en être autrement. Wen décida de partir à sa recherche et s'engagea dans l'armée chinoise, au désespoir de sa famille. Arrivée devant les officiers, eux-mêmes tentèrent de la dissuader de tenter un tel voyage, lui assurant qu'elle n'en sortirait pas vivante, mais elle ne voulut rien entendre. Elle partit donc avec une garnison sur la route toute neuve construite par Mao Zedung. Le Tibet se révéla être un pays inhospitalier, sans aucune marque pour se repérer, les hommes souffraient de l'altitude, et chaque soir, deux soldats mourraient poignardés sans que les gardes n'aient rien pu faire. Un jour, Wen sauve une jeune tibétaine rencontrée par hasard dans les plaines, celle-ci se nomme Zhuoma, et elle parle chinois. Elle se trouve être la fille d'un riche tibétain dont elle a déserté les terres après sa mort, ne pouvant choisir entre sa religion et la Chine qu'elle a toujours admiré. Les deux femmes deviennent très amies, et finissent par continuer le voyage seules, car Zhuoma est elle aussi à la recherche de l'homme qu'elle aime, un ancien valet qu'elle a libéré et nommé Tienanmen. Elles sont accueillies par une famille de nomades qui va soigner Wen, affaiblie par les conditions climatiques du pays. Jusque là, elle ne peut pas imaginer que sa quête durera trente années.

Tout d'abord, il convient d'expliquer ce que sont des funérailles célestes, la tradition tibétaine veut que quand quelqu'un meurt, on donne sa chair à la terre (au sens large), dans le rite céleste on démembre le corps et on l'offre en pâture aux oiseaux de proie et notamment aux vautours, qui sont des animaux sacrés. Ce roman est le premier de mon blog écrit par une femme, -oui je me flagelle là devant mon écran promis. Et c'est un livre d'une beauté rare, d'autant plus qu'il nous parle d'une histoire vraie. Il m'a permis de mieux connaitre la culture tibétaine et sous un angle nouveau car il est vu par deux chinoises, d'abord Wen et ensuite recueilli par Xinran. Et on se rend compte à quel point ces, pays pourtant voisins, ne se comprennent pas, et sont différents. Au Tibet, les femmes sont polygames, elles n'ont pas le droit de toucher les lamas, c'est un pays extrêmement religieux, chaque famille doit donner une grande partie de ses possessions aux lamaseries, et même ses enfants... Ils prennent les chinois pour des démons pendant la guerre ce qui a expliqué la sauvagerie du peuple contre l'armée. Wen connait deux grands chocs, le premier quand elle passe de la culture communiste laïque, à la spiritualité tibétaine et le second quand elle revient en Chine après la révolution culturelle. C'est agréable de lire un livre sur le Tibet qui n'a pas été écrit avec une idée de prosélytisme, où les personnages découvrent en même temps que vous la culture, et sont étonnées voire écœurés de certains mœurs. La fin du livre est poignante, j'ai dû réprimer mes larmes, je ne m'y attendais pas du tout. Funérailles célestes, est une histoire d'amour universelle, dans un monde en perpétuel mouvement il y a des choses qui sont éternelles.
Diothyme
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le 21 févr. 2011

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Diothyme

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