Arturo Bandini est jeune écrivain en devenir de 20 ans, tout récemment émigré à Los Angeles pour faire carrière. Il vivote grâce à une nouvelle parue dans un magazine : Le Petit Chien Qui Riait, dont il n'est pas peu fier, mais depuis, ses seules pages sont destinées à son mécène, homme à qui il voue une grande admiration, Mr Hackmuth. Ses maigres ressources s'épuisent inexorablement, malgré les quelques dollars que lui envoie sa mère, la tenancière de l'hôtel où il loge menace de le mettre à la porte si il ne paie pas son loyer. Son mode de vie oisif est compromis, mais il ne se fait pas de bile. Il vit dans un monde imaginaire de créatures lascives qu'il dépeint dans sa correspondance. La vérité c'est qu'il n'a jamais goûté aux plaisirs de la chair, il est effrayé par les femmes, et incapable d'aller à leur rencontre. Il se contente de fréquenter les églises des quartiers mexicains, pour frôler les belles latinos qui peuplent ses fantasmes, bien qu'il les méprise. Il a essayé d'aller vers les prostituées, mais, dès qu'il s'en approche trop il se sent comme écrasé par un jugement divin, et terrifié, il s'enfuit. Contraint par ses finances à ne manger que des oranges, il finit par voler un laitier avec la complicité de son voisin de chambre, un vieillard alcoolique qui n'a de cesse de lui emprunter de l'argent. Une de ses lettres est publiée sous forme de nouvelle, ce qui lui permet de se remettre d'aplomb quelques temps. Son existence n'a rien de palpitant jusqu'à ce que par hasard, il rencontre la serveuse d'un café, Camilla, une hispanique au tempérament de feu. Il essaie de l'humilier en se moquant de ses chaussures usées, et renverse son café pour qu'elle ait à le nettoyer. Cet évènement va marquer un tournant dans sa vie, il ne parviendra pas à effacer cette "princesse maya" de sa tête, et il lui faudra lutter contre sa maladresse et son cynisme naturels pour réussir, peut-être, à dompter la belle.

Sacrée révélation que ce livre! La préface est de Charles Bukowki, il encense ce roman, ce qui chez lui, n'est pas habituel, ça a éveillé ma curiosité. Le style est épuré, contemporain, sans tomber dans l'argot et la caricature. Le personnage principal est très émouvant, malgré sa mythomanie et ses manières rustres, il se révèle tel qu'il est avec ses faiblesses, et ses qualités qu'il ne cache pas. On le compare beaucoup à Bukowski, mais je ne lui trouve pas tant de ressemblances, sauf peut être dans le personnage lui même, anti-héros, à vif, mesquin. Certains passages m'ont par contre rappelé Huysmans, dans l'athée qui est attiré malgré lui vers le divin, Arturo se vante d'avoir lu Nietzsche, défie le ciel, mais se tourne vers Dieu dans les moments de doute et de désespoir. Certains brandiront le sempiternel argument de l'"héritage-judéo-chrétien", mais je ne disserterai pas sur le sujet. Fante a un don pour donner à des petits évènements de la vie quotidienne une dimension dramatique, il fait vibrer des cordes de sensibilité que je ne savais même pas exister. Quand on a pris Ask the Dust dans les mains, on ne peut plus le reposer, c'est un livre qui demande à être lu d'une traite, je luttais contre le sommeil pour grappiller quelques lignes. On ne s'ennuie pas un instant, et on arrive pas à en vouloir à Arturo pour ses vilénies, son orgueil, car il nous ramène à nos propres faiblesses, on a tous en nous quelque chose de... Bandini...
Diothyme
9
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le 21 févr. 2011

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Diothyme

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