La couverture porte la mention "Autobiographie de mon frère", ce qui peut paraître étrange mais correspond bien au contenu du livre puisque Elizabeth de Fontenay parle essentiellement, dans cette autobiographie, de la relation avec son frère "différent", dont elle dit que les symptômes correspondent à l'autisme, même s'il n'a jamais été diagnostiqué comme tel. Ce frère différent, qu'elle nomme "Gaspard" en référence au livre d'Alosyus Bertrand, occupe une grande place dans sa vie, orientant et nourrissant sa réflexion et son œuvre de philosophe. On sent également une culpabilité sous-jacente, un désir de mieux comprendre ce frère dépourvu d'affects, et qui reste en grande partie une énigme.
Elizabeth de Fontenay, garante de la mémoire familiale puisque ni son frère ni elle n'ont jamais eu d'enfants, évoque la famille de sa mère, dont cinq membres furent gazés à Auschwitz, le courage de cette femme qui inculqua des notions de lecture et de calcul à son fils. Elle parle également de l'eugénisme pratiqué pendant la guerre, et légitimé par certains penseurs, et mis en place bien avant 1933 en Europe et aux Etats-Unis.
Plus qu'une autobiographie, cet ouvrage est une somme de réflexions, ainsi qu'une trace laissée pour le temps où l'auteur et son frère auront à leur tour disparu.