Publié sur L'Homme qui lit :
J’avais lu il y a deux ans Les Fils d’Odin, second roman du journaliste allemand Harald Gilbers, publié après Germania. Je m’étais gardé à l’esprit de lire, quand j’en aurais l’occasion, ce premier roman mettant déjà en scène le même personnage principal, qui m’avait laissé un souvenir sympathique, bien qu’assez vague. C’est donc avec cette petite pointe de nostalgie littéraire que je suis reparti en pleine Seconde Guerre mondiale, dans la capitale allemande bombardée sans relâche par l’armée britannique.
Richard Oppenheimer vit avec sa femme dans une « maison juive« , jusqu’à ce qu’il soit convié par un militaire de la SS, Vogler, à participer à une enquête. Pourquoi lui, me demanderiez-vous ? C’est qu’Oppenheimer, avant l’arrivée du régime nazi, était inspecteur dans la police criminelle de Berlin, la Kripo, est même un très bon inspecteur. Il avait permis l’arrestation d’un tueur en série particulièrement effroyable, et c’est à ce titre que la SS fait appel à lui.
Le roman s’ouvre donc avec un premier cadavre, celui d’une jeune femme, déposée aux pieds d’un monument à la gloire de la Première Guerre mondiale, sauvagement mutilée, avec des caractéristiques si particulières qu’elles évoquent d’emblée pour Oppenheimer et Vogler l’œuvre d’un tueur ayant mûrement réfléchi à sa mise en scène macabre. Sans compter qu’une huile du parti nazi a mis la pression pour que l’enquête avance, sa secrétaire faisant partie des premières victimes.
Dans cette ville en proie aux bombardements réguliers, Oppenheimer devra réaliser un travail d’enquête discret et efficace, souvent difficile à cause de son statut de juif, l’amenant à devoir collaborer avec ceux qui déportent et massacrent ses proches. En contrepartie, il obtient quelques faveurs, précieuses en ces temps difficiles, et la garantie d’être protégé encore quelques semaines, au moins jusqu’à résolution de l’enquête.
Si j’avais finalement moyennement aimé Les Fils d’Odin, j’ai été très emballé par ma lecture de Germania, tant pour la qualité de l’écriture que pour l’enquête, riche de rebondissements, ne me permettant pas de savoir qui était le tueur avant la toute fin du livre. Comme son second roman, j’ai retrouvé un peu le même genre que dans la saga Bernie Gunther du regretté Philip Kerr. Si je devais conseiller l’un des deux titres d’Harald Gilbers, je miserai sur celui-ci, d’autant plus que vous pouvez vous le procurer au format poche.