Walter, ou Max ou W, tueur à gage endurci, se voit un jour devenir gibier. Lui qui a toujours été du bon côté du viseur devient la cible. Nous sommes le 11 septembre 2001. Rien n’est ordinaire dans cette journée. L’atmosphère enfumée est lourde, la tension perceptible, les rues désertes et le silence de plomb. A qui se fier ? Comment sortir de là ? Et surtout pourquoi est-il devenu l’homme à abattre ? Voilà bien un thème cher au thriller que celui de l’arroseur arrosé ou du héros « au mauvais endroit, au mauvais moment ».
Dès la première phrase du récit « Pourtant, tout avait bien commencé. » nous entrons dans le vif du sujet et dans la tête du tueur. Plongé dans ses pensées, parfois interpellé par ce narrateur, nous vivons cette journée et la suivante, heure par heure comme si nous y étions. Quelques flashbacks nous expliquent comment il en est arrivé là, quels furent son parcours et ceux que le hasard a mis sur sa route. Cynique et professionnel avant tout, il nous devient cependant sympathique et l’on espère qu’il sortira de ce mauvais pas avec élégance.
Le style incisif et l’écriture épurée vont droit au but et rendent ce récit rythmé d’un bout à l’autre. Même si sa morale est aléatoire, on se surprend à partager quelques pensées du tueur lorsqu’il dénonce la société américaine ultralibérale, sclérosée et cynique elle aussi. Quoiqu’on fasse, l’argent mène le monde et alors que des milliers de personnes vivent dans l’angoisse d’avoir perdu un proche dans cet attentat, d’autres se lamentent sur la chute des cours à la bourse. Triste monde déshumanisé que le nôtre.
Jean-Paul Chaumeil nous offre un très bon premier roman