Au premier abord, quand ce livre est arrivé chez moi, et qu’il y était écrit « de l’académie française », je m’attendais à un livre auquel je devrais m’accrocher pour comprendre. Finalement, je m’y suis accroché car je ne pouvais plus m’en détacher. En voyant la photo de l’auteur, j’ai vu un homme d’un certain âge, avec les cheveux blancs, mais « pas mal pour son âge » comme il voudrait qu’on dise de lui dans cent ans. Bref, ne nous égarons pas sur les détails. Mais dès les premières pages, j’ai lu, avec surprise, un esprit jeune. J’ai l’impression que Jean d’Ormesson n’a pas vieilli. Il a des idées jeunes, et une écriture enfantine. Attention, je ne dis pas là que c’est un livre pour enfant, mais il utilise des mots simples, des images claires, tout en parsemant de références savantes… C’est en fait un enfant savant qu’on lit. La philosophie de Jean d’Ormesson est enfantine en elle : des phrases courtes, compréhensibles pour tous et par tous, et poétiques. Le meilleur exemple que je puisse trouver dans ce livre, c’est le chapitre sur l’eau. Je cite : « Elle n’émet aucun son, mais nous écoutons volontiers sa musique et ses plaintes », « Assassin en puissance, l’eau est aussi une séductrice, toujours prête à sourire et à jouer avec nous. » « L’eau est une déesse autrement puissante que les empereurs et les rois qui lui doivent leur fortune ».

Sans qu’on ait une impression rébarbative de transitions longues et ennuyeuses, les chapitres s’enchaînent sans que l’on ne s’en rende compte, tel un voilier sur les flots. Ce livre, c’est un enchaînement de phrases belles, tel un pêle-mêle de citations qui incitent à la méditation. Quand on finit un chapitre, en plus de se dire ‘’Ouahou !’’, on glisse le marque-page, on ferme le livre, on ferme les yeux et on réfléchit, on ouvre grand son esprit. On s’évade parfois, mais le chapitre d’après nous remet le pied sur terre. Les sujets graves, comme les sujets plus joyeux, sont traités de la même manière, simplement, joyeusement, presque naïvement. Prenons le chapitre sur la mort par exemple. Je cite « La mort est le but, l’issue de toute vie », « Nous ne savons rien de la mort après la mort. Nous n’en avons jamais rien su. Nous n’en saurons peut-être jamais rien. Et peut-être n’y a-t-il rien à savoir ».
Le chemin par lequel l’auteur guide nous guide, nous les égarés, est logique sans le paraître. On a l’impression que ce chemin n’a pas de cailloux, juste une surface lisse pour poser son pied facilement, sans avoir peur. Chaque chapitre pourrait être un carrefour, et chaque ligne nous guide vers un chemin différent, pour nous ramener finalement sur le chemin du départ. Cependant, bien qu’il soit le chemin du départ, nous avons déjà parcouru une longue distance, en un seul pas, en lisant une seule phrase. Pour reprendre les mots de Jean d’Ormesson lui-même, ce livre, n’est « pas un traité de philosophie ». Il permet en revanche de « jeter un regard sur les avatars et les aventures fabuleuses d’une vérité si longtemps assoupie dans une orgueilleuse certitude ». Le chemin de base sur lequel on ose poser le pied en commençant ce livre, c’est le chemin de l’étonnement, mais aussi de la disparition, de l’angoisse, du secret, de l’énigme, du mystère, sans oublier celui des nombres, de la science, de l’espace, de la matière, de l’air, de l’eau, de la lumière, du temps, de la pensée, du mal, de la liberté, plus communément de la vie, de la mort, du plaisir, du bonheur, de la joie, de l’histoire, du progrès, de la justice, de la beauté, de la vérité, de l’amour, et enfin de Dieu.
Finalement, Jean d’Ormesson semble être un ami qui nous conseille, nous guide, et lui avec, vers un chemin sans fin, un chemin que, nous le savons, nous ne terminerons pas, un chemin qui mène à la vérité, au questionnement, un chemin qui nous pousse à faire un second pas, voire à accélérer, même à courir, à sauter, à nous envoler : le chemin de la sagesse.

Alfred_Babouche
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le 19 juil. 2017

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