J.D. Vance a le profil de l’homme qui a réussi. Passé par la prestigieuse université de Yale, avocat de formation, il a accompli le rêve américain, son rêve américain, mais rien ne laissait présager un tel parcours pour ce gosse des Appalaches.
Hillbilly Elégie est le récit autobiographique de sa “courte” vie (il est né en 1984), de son enfance chaotique avec une mère droguée et un père absent (ou parfois un père de substitution à chaque nouvelle conquête de sa mère), une enfance passée entre l’Ohio et le Kentucky, des États autrefois prospères grâce à leurs industries, désormais une région dévastée par le chômage de masse.
Le semblant d’équilibre nécessaire à la construction d’un enfant, J. D Vance l’a trouvé grâce à son Papaw et surtout sa Mamaw (ses grands-parents dans la culture hillbilly). Car ce récit personnel est aussi le récit d’une communauté, celle des Hillbillies, ces habitants des Appalaches, descendants des immigrants écossais et irlandais qui colonisèrent la région.
Vance porte un regard lucide sur sa communauté où les conflits familiaux ou de voisinages sont très fréquents, où les enfants ne font pas d’études supérieures, où les jeunes femmes se retrouvent souvent mère célibataire, où l’espoir s’est envolé.
Car il serait extrêmement réducteur de considérer que les inégalités sociales ne sont que la résultante des discriminations ethniques de ce pays car il y a une classe ouvrière blanche qui se sent abandonnée et c’est cette Amérique, blanche et pauvre, qui a massivement voté pour Donald Trump lors de la dernière élection américaine.
Hillbilly Elégie est un peu tout ça, un roman autobiographique d’un gamin des Appalaches mais aussi un autre regard porté sur les États-Unis à travers les difficultés d’une communauté, pauvre dans le pays le plus riche du monde.