L’histoire politique fait partie depuis quelques années de ces domaines d’étude qui me passionnent. Le travail de Michel Winock notamment a toujours constitué une promesse tenue de lecture aussi excitante intellectuellement qu’agréable du point de vue stylistique. Ici la lecture fut encore une fois très fluide malgré un parti pris évidemment universitaire (ce qui peut se révéler périlleux pour le lecteur). Même si Michel Winock est avant tout le directeur de la publication et n’a écrit que deux parties sur les huit, l’ensemble affiche un style somme toute assez cohérent, facile à lire. Il n’y aura eu guère que la partie sur le Front National de Pascal Perrineau qui contient quelques morceaux rébarbatifs avec de la statistique socio-électorale, qui personnellement me broute avec force. Néanmoins l’analyse de Perrineau reste fine et perspicace encore de nos jours.
Comme tout ouvrage collectif, le lien entre les différentes parties n’est pas toujours d’une évidence remarquable. Un ouvrage pensé par un seul individu a bien sûr plus de chances d’aboutir à des liaisons logiques plus naturellement. Cependant, dans ce bouquin ce sont des idées maîtresses qui sont censées faire le vaste tour de la nébuleuse extrême droite. Or, dans cette optique, la complémentarité entre les thèmes semble bien respectée.
Ce qui compte avant tout, c’est le sujet et non la langue des auteurs. Sur ce point, l’ouvrage brasse large (on part de la contre-révolution), mais aborde ses problématiques suffisamment en détail pour que le lecteur ait le sentiment d’avoir en effet survolé le thème avec autant de rigueur que possible sur un seul ouvrage généraliste.
Bref, je suis pleinement satisfait de cette lecture et la recommande aux étudiants et citoyens avides de comprendre l’extrême droite en France.