Cette Histoire des Étrusques est loin d’être inintéressante. J’imagine que le profane y apprendra tout ce qu’il est important de savoir. Après un chapitre qui retrace les grandes étapes de l’étruscologie, sont ainsi évoqués le peuplement de l’Étrurie, quelques traits de cette civilisation : sa société, sa religion, son art – et enfin son assimilation par Rome.
La clarté du propos le met à la portée de n’importe quel collégien amateur d’histoire – je sais, ce sont rarement les derniers de la classe… Jean-Marc Irollo, assurément, connaît son sujet, l’aime et le traite sans sensationnalisme ; il est vrai que l’Étrurie se prête moins au sensationnalisme que l’Égypte ou même la Grèce antiques, mais on pouvait toujours craindre un montage en épingle sur le thème d’une malédiction des tombes oubliées ou sur la momie de Zagreb (1)… Et l’on ne se perd jamais dans des controverses de spécialistes.


En fait, on ne se perd dans rien avec cette Histoire des Étrusques, et c’est ce qui en fait les limites. Jamais content, l’auteur de cette critique ? Peut-être. Peut-être aussi que je n’aurais pas dû chercher dans cet ouvrage des idées trop générales. Imaginons un ouvrage sur la France au Moyen Âge qui soulignerait le grand nombre de cathédrales et d’églises qu’on y a construites, qui s’attarderait un peu sur – par exemple – celle de Chartres, qui relèverait que les registres d’« état civil » du temps mentionnaient les dates des baptêmes plutôt que des naissances, mais qui jamais ne conclurait de façon synthétique – en l’occurrence avec une phrase comme « La religion tenait une place fondamentale ».
C’est l’impression que l’ouvrage m’a donnée : beaucoup d’éléments factuels intéressants, mais pas assez d’idées générales pour faire le lien. (Je compte pour rien des considérations comme « L’agriculture a joué un rôle déterminant dans le développement de la civilisation étrusque », p. 66 : dans les conditions géographiques et climatiques offertes par l’Étrurie, je ne vois pas dans quelle civilisation l’agriculture n’aurait pas joué un rôle déterminant.)
Jean-Marc Irollo écrit par exemple que « ce type de combat qui consiste à se présenter en formation serrée où chaque guerrier est protégé par son voisin est symbolique de la solidarité entre citoyens d’une même cité » (p. 183). C’est peut-être ce qui dans l’ouvrage se rapproche le plus d’une synthèse. Mais cette solidarité se manifeste-t-elle à d’autres occasions ? Et si oui, sous quelle forme ? Le lecteur ne le saura jamais.
Je sais bien que notre quasi-ignorance de la langue étrusque – on connaît le sens de trois cents mots d’après l’ouvrage, de « quelques dizaines » selon une encyclopédie participative – pousse à la prudence, et n’incite pas aux synthèses, mais j’attendais tout de même un peu plus de hauteur de vue. Si l’on ajoute à cela l’absence d’illustrations toujours regrettable quand il est question d’œuvres d’art, voilà qui m’a refroidi.


(1) J’imagine non sans frayeur un documentaire de RMC Story là-dessus.

Alcofribas
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le 21 nov. 2020

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Alcofribas

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