Bien. Mais couvre essentiellement ce qu'il décrit, c'est à dire le front pop, les prémisses en 1934, la phase au pouvoir de 36 à avril 38 (où l'auteur égrène les gréves "joyeuses", leur traitement, presque individuel) puis à partir de 38 l'agonie du front pop, les gréves soudainement moins joyeuses, et le détricotage des reformes du front pop par les revanchards de l'autre bord. Le livre ne traite pas du tout de ce qui s'ensuivra ensuite pour la postérité (tel que le "retour de Blum en 46 et les gouvernements de gauche post-seconde guerre mondiale qui s'inspirérent beaucoup du front pop... ) et pas assez de matière, me semble t-t-il, sur le traitement des colonies (si ce n'est concernant certaines greves, certaines milices en Algerie) on dirait que la gestion des colonies n'a pas du tout était affecté par le front pop en fait. Mais peut etre qu'il n'a, réellement, eu que peu d'impact là dessus pendant cette période... BREF : il vaut mieux avoir déjà lu (ou avoir prévu de lire après) une biographie sur Léon Blum, savoir nécessairement ce qu'était le congrès de Tours (qui il me semble est à peine évoqué dans le livre), ce qu'était la SFIO, ce qu'était le parti communiste français, ce qu'était l'internationale (surtout la 3eme version, sous l'égide de Moscou : le kominterm), ce que représentaient et ce qu'étaient les colonies, la situation politique en Espagne, en Italie, en Allemagne, en Russie ... Bref, le livre ne donne pas toutes les billes quant au contexte et se réfère beaucoup, peut être avec un peu trop de confiance, je trouve, au savoir du lecteur. D'autre part, rétrospectivement, j'ai trouvé que le livre met une forte emphase sur les manifestations des factieux en février 1934 comme du moment déclencheur (pour le rassemblement du front pop) et peut être pas assez - me semble -t-il - mais je ne suis pas historien - sur l'inflexion du kominterm suite aux événements allemands relativement à l'idéologie qu'ils diffusaient alors, du "classe contre classe" (les députés communistes allemands refusant de s'allier à la gauche "bourgeoise", précipitant sans le vouloir à la nomination d'Hitler en chancelier, puis l'interdiction du parti communiste en Allemagne... cette suite d'evenements allemands a probablement eut un fort impact pour décider les communistes français à accepter l'idée d'une alliance avec les autres partis de gauche ...). Personnellement, j'ai utilisé ce livre comme d'un "hub", en faisant régulièrement des pauses podcast (Leon Blum, sur France inter), video youtube (un super docu sur le congrès de tours, fait par public sénat y est notamment disponible) et wikipedia. Ce qui m'a le plus frappé dans cette histoire du front pop, tel que retranscrit par Jean Vigreux, c'est son caractère "exotique" de petite révolution, de parenthèse joyeuse, dans une Europe qui s'acheminait vers le désastre. Mais aussi sa précarité et l'inlassable violence, que le front pop a eu en face de lui (alors qu'on ne parle "que" de l'obtention des samedi-dimanche, d'une hausse de salaire et de 2 semaines de vacances pour les travailleurs par an, ainsi que de quelques droits et d'amnisties pour les grévistes ...). M'ont aussi frappées les description du détricotage de ces reformes par des contres-réforme, dès 1938, par les gouvernements des droites qui suivirent juste après.