- L'assassin du boulevard:
Critique du 17 juillet 2009:

Découverte de Reouven pour ma part, avec un premier roman de l'intégrale "Histoires secrètes de Sherlock Holmes".

Alors premier point à souligner, le style est totalement différent de celui de Conan Doyle. On ne pourra retrouver ce style sec et so british, marqué par une grande distance et une élégance raffinées. Ici, malgré la structure en trois parties, de trois auteurs, d'avord une cousine de Sherlock, Holmes lui même et pour finir le Dr watson, malgré ces trois styles différents, Reouven ne parvient pas à échapper à sa culture. Avait-il au juste l'intention de s'en éloigner? Point sûr. L'action prend lieu en France, et il s'avère alors difficile de ne pas se laisser imprégner par le Paris fin XIXe, la gouaille des anars ou autres apaches, l'humour très particulier des boulevardiers. L'atmosphère politique et culturelle se répand sur le texte. On est très loin des faubourgs ou des salons feutrés de Londres. Si bien que si vous avez dans l'idée que le pastiche se doit de respecter à la lettre le style de Doyle, alors vous aurez une désagréable surprise. Si au contraire vous acceptez le jeu auquel Reouven nous invite, à savoir de remplir les trous dans la biographie d'Holmes tout en inventant une intrigue complexe et fûtée, vous prendrez sûrement du plaisir à vous immerger dans ce Paris mouvementé en compagnie d'un Holmes moins guindé qu'à l’accoutumée, plus simple dans ses rapports aux autres (peut-être moins holmesien alors?).
Je retiens également la qualité d'écriture de l'auteur, une richesse de style. Les phrases sont un brin ampoulées parfois, complexes, mais bien dans le style et l'aisance verbeuse de l'époque. C'est riche et beau parfois. Très agréable découverte que je vais m'empresser de faire perdurer le plus possible.

- Le bestiaire de Sherlock Holmes:
Critique du 3 septembre 2009:

René Reouven verse un peu par moments dans le fantastique avec ces trois histoires. Il y a du Jean Ray, avec certainement un style plus assuré. Reouven me plait de plus en plus. Mais je comprends que son style parfois ampoulé puisse en rebuter quelques-uns. N'empêche qu'il se marie parfaitement à l'emphase de l'époque, le XIXe siècle s'énamourant volontiers pour les grandes phrases.

Les deux dernières nouvelles de cette trilogie sont les plus intenses, effrayantes et ont délicieusement accompagné mes alanguissements sur la plage. Les vicissitudes de enquêtes de Holmes agrémentaient un réel si joliment troussé que j'en oubliais toujours d'entendre le bruit des vagues et parfois les grains de sable qui s’immisçaient sous le pas furieux du bambin bondissant alentour.

Ce bestiaire révèle une foisonnante imagination, une intelligence et une adaptation au style de Conan Doyle de la part de Réouven. Cet écrivain force là mon admiration. Maîtrise du mythe et de l'historiographie holmesiens, de l'intrigue, richesse syntaxique et vocabulaire : Reouven accumule les talents afin de rendre un texte puissant.
Alligator
8
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le 6 nov. 2013

Modifiée

le 6 nov. 2013

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Alligator

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