Hollywar
5.9
Hollywar

livre de Pierre Conesa ()

Cet ouvrage m'intéressait car je suis un gros consommateur de cinéma, en particulier de cinéma anglo-saxon et j'ai toujours été fasciné par l'envers du décor ainsi que par l'histoire de ce média surtout du côté de chez l'oncle Sam.


Toutefois ce livre m'a très vite agacé et ce pour plusieurs raisons :


Déjà, comme je l'ai dit plus haut, je suis un grand cinéphile ; cela fait plusieurs années que je me documente sur le sujet et je suis bibliothécaire BD et cinéma. Je n'ai absolument pas la prétention de me qualifier comme expert (ça non) mais je ne suis pas un néophyte et force est d'admettre… eh bien… que je n'ai pas appris grand chose.


Ensuite, il paraît évident que l'auteur n'est pas cinéphile. Spécialiste de géopolitique certes (il n'y a qu'à voir le CV du bonhomme en 4e de couv) mais pas de cinéma. Son prochain livre pourrait s'intituler “Le Rap, arme de propagande massive” qu'il le traiterait de la même manière. Je ne sais pas combien de films l'auteur a vu pour ce livre mais on sent que ses choix sont très ciblés (et je passe sur le dédain pour les blockbusters et tous les films à grand public). Ce qui amène au plus gros défaut de ce livre...


L'auteur ne nuance pas du tout son propos ! Oui, le noir a longtemps été considéré comme primitif ou comme une sous-catégorie d'humain. Oui, les western ont permis de légitimer le génocide des indiens d'Amérique. Oui, Hollywood met en avant l'armée américaine sauveuse du monde. Nier tout ceci serait se voiler la face mais les choses ont évolué et continuent de le faire. Si l'auteur parle de ces changements et de certains films ou acteurs (actrices, réalisateurs…) qui sont allés à contre-courant, je trouve qu'il n'insiste pas assez dessus. Dès que la tranche de population ne fait plus un assez bon méchant à ses yeux, il en passe à une autre appliquant ainsi le principe “si une population n'est plus diabolisable, elle n'est plus commercialisable”, principe qu'il énonce pour mettre en avant l'hypocrisie pragmatique des studios.


Si le lecteur a une culture cinématographique de base (encore que, qu'est-ce que la base ?), ce livre et les arguments présentés lui parleront mais quand vous commencez à avoir une certaine culture, vous opposerez systématiquement un contre-exemple à l'argument cité. Le noir considéré comme une sous-catégorie ? Sidney Poitier et des films comme Paris Blues (1961) ou Devine qui vient dîner…(1967) pointant clairement le racisme ambiant tout en mettant les personnages blancs et noirs au même niveau. Birth of a Nation de D. W. Griffith (1915) ? 12 Years a Slave de Steve McQueen (2013). Le cow-boy héros de l'Ouest ? Le Western crépusculaire des années 70 ou Dead Man de Jim Jarmusch (1995). Mais dès que ces changements de points de vue deviennent la norme, selon l'auteur, Hollywood ne fait qu'appliquer son “principe auto-nettoyant” (ce n'est pas entièrement faux mais heureusement ce n'est pas que ça).


Pour l'armée US sauveuse du monde, le contre-exemple qui m'est tout de suite apparu est Starship Troopers, le film antimilitariste (si si) de Paul Verhoeven (1998) qui n'est cité nulle part alors que, fait amusant, il applique point par point tout le chapitre “Quelques règles du cinéma de propagande” (américain bien sûr) pour démonter tout le système. Et ce n'est pas un petit film indé, on parle d'un blockbuster à 100 millions de $.


Toutes ces raisons ont fait que, personnellement, j'ai été énormément déçu par ce livre. Il reste malgré tout intéressant mais si vous le lisez, ne vous arrêtez pas à ces idées ! Nuancez-les, regardez d'autres films, lisez d'autres livres et surtout faites-vous votre propre culture.

Tellak
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le 20 juil. 2018

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Florian

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