Quand la saison 2 de l'excellente série Man seeking woman était encore en cours, j'étais vraiment accro, j'attendais chaque jeudi pour pouvoir voir un nouvel épisode. Alors ça m'a semblé être une bonne idée d'acheter le bouquin que Simon Rich a écrit avant la série, qui s'en inspire.
J'avais sûrement aussi prévu d'avoir ça comme substitut une fois que la saison serait terminée.
Il s'agit d'un recueil de nouvelles, réparties en trois catégories : Boy meets girl, Boy gets girl, et Boy loses girl.
Même si la série est dingue, je me suis rendu compte qu'il y avait quand même une restriction, qui est de devoir garder le même personnage principal, et relier toutes les situations à lui.
Il y a donc encore plus de liberté dans le bouquin, qui varie les personnages, les sujets, et les styles d'écriture. C’est assez étonnant d’ailleurs, la capacité de l’auteur à faire comprendre, dans quelques unes des histoires, quel genre littéraire il parodie, subtilement (je pense au récit à la Lewis Carroll).
Comme dans la série, Simon Rich présente des situations connues de tous concernant les relations hommes-femmes, mais trouve la meilleure façon fantaisiste de les représenter. Ca paraît tout simple, et en même temps c’est brillant d’y avoir pensé. Et ça fait rire en même temps que ça véhicule une idée efficacement, l’aspect surréaliste aidant même à faire ressortir l’absurdité de l’équivalent réel de telle situation ou tel comportement.
J’ai dû éclater de rire à pratiquement toutes les histoires des deux premières parties du livre (sauf quand j’étais dans le métro et que je devais me contenir), bien que les conclusions ont tendance à adopter un ton différent, afin de donner du poids à une idée que l’auteur veut véhiculer.
Dans la dernière partie, avec les histoires de rupture, ça devient plutôt triste. C’est même parfois d’un fort pessimisme (l’histoire avec les "children of the dirt" en particulier), et j’en suis friand en général mais ici ça surprend au vu du reste.
Je pense qu’à l’origine des histoires de The last girlfriend on earth, il y a une sorte d’hyper-sensibilité de la part de Simon Rich, qui le pousse à se questionner sur le ressenti de n’importe qui, ou n’importe quoi ; des figures ou même des objets auxquels on ne pense pas plus que ça.
Certaines idées du livre sont reprises dans la série, mais les histoires sont suffisamment différentes pour que ça ne gâche pas vraiment le plaisir, et pour qu’il y ait encore des surprises.
Il y a une histoire où, comme dans la saison 1, la vie de couple est comparée à une peine de prison, mais dans le livre je trouve que la conclusion rend la métaphore beaucoup plus efficace.
J’avais lu une interview où Simon Rich évoquait des critiques parlant de misogynie ; c’est même pas quelque chose que j’avais conçu en voyant la série, qui pour moi est même limite féministe.
Dans le livre, il n’y a que des personnages principaux masculins, mais les histoires font surtout ressortir l’absurdité de comportements ou de préconceptions des hommes. Et les femmes ne sont pas représentées plus injustement que les hommes.
Ayant adoré la série, j’ai adoré le livre aussi. J’ai eu le même plaisir, la même hâte à découvrir l’histoire suivante, la même admiration face au génie des métaphores. Et j’ai encore envie d’en avoir plus. Je me commanderai un autre livre de Simon Rich.
(j'avais écrit cette critique il y a un moment, je sais pas pourquoi je ne l'avais pas publiée)