Dans tous les sens
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Taper « hans eijkelboom » dans un moteur de recherche vous mènera immanquablement à une de ses planches de photographies, de six à vingt-cinq clichés selon le format, prises en catimini au milieu de différentes foules à travers le monde, en trois heures maximum, et sur lesquelles tout le monde a l’air de se ressembler : une planche pour les hommes tout de jean vêtus, une planche pour les lecteurs de journaux kényans, une autre pour les survêtements Adidas, etc. À première vue le propos est simple : critiquer ce que la mode peut avoir d’aliénant, montrer comment chacun échoue à être unique.
Après avoir regardé l’intégralité des quelque cinq cents pages de ces Hommes du XXIe siècle, c’est plus complexe. D’une part, les vues s’échelonnant de 1992 à 2013, le livre propose un assez bon aperçu de l’évolution de la mode au cours de ces vingt et quelque années.
Oui, il y a un côté ludique dans ce recueil : tâcher de se souvenir quelles fringues on portait cette année-là, mais aussi trouver le point commun précis entre toutes les photographies d’une planche – et quelquefois ce n’est pas un détail vestimentaire, plutôt quelque chose comme une attitude, comme un milieu socioprofessionnel supposé qui montre ce que Hans Eijkelboom doit aux Hommes du XXe siècle d’August Sander –, chercher si entre les douze capuches à fourrure ou les seize blousons en cuir d’une page, il n’y en aurait pas deux qui soient exactement identiques – c’est rarement le cas, et les accessoires strictement semblables portent toujours fièrement leur marque –, se rappeler des parties de Qui est-ce ? en imaginant les deux ou trois questions qu’il suffirait de poser parfois pour qu’il ne reste qu’un individu…
Surtout, et paradoxalement, l’accumulation des images fait ressortir ce que chaque personne représentée a d’unique. Un autre jeu, auquel j’ai toujours perdu : chercher à l’arrière-plan d’une photographie un passant qui figure au premier plan d’une autre. (De même, peut-être y a-t-il dans Hommes du XXIe siècle des individus présents sur plusieurs planches.) Si bien qu’au bout du compte, plutôt que la récrimination un peu convenue contre les diktats de la mode et l’uniformisation de notre mode de vie, l’ouvrage propose une réflexion plus profonde sur l’identité et l’individualité.
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Créée
le 28 mai 2018
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