Quel bonheur de retrouver la plume talentueuse d'Irène Némirovsky ! Avec quel instinct sûr - l'instinct de celle qui connaît la vie, son âpreté et ses illusions, l'instinct de celle qui a souffert - elle décrit la société à travers ces deux nouvelles quasi cinématographiques.
Ida Sconin est danseuse de revue sur le déclin dans le Paris dans années 30. Vedette de parade, à plus de soixante ans, grâce aux artifices et à un savant maquillage, elle fait encore illusion mais la gloire est éphémère et elle se réserve à la beauté et à la jeunesse. Très belle nouvelle poignante qui braque le projecteur sur l'ascension et la chute d'une courtisane. L'enseignement est amer, la pilule est difficile à avaler mais elle brille comme mille strass des feux de l'universelle destinée.
La comédie bourgeoise est d'un autre ton digne De Maupassant. Province, maison bourgeoise, le destin de Madeleine est tracé d'avance... par d'autres. Ses parents, ses proches se sont coalisés en toute "bienpensance" pour organiser son mariage. Une vie sans surprise se déroule devant elle mais non sans heurts ou choix cornéliens. Paisible comme un tableau de Renoir, cette nouvelle cache une braise vive sous la cendre, une braise étouffée par un environnement, une classe sociale, les préjugés d'une société séculaire.
Deux nouvelles bouleversantes chacune à leur manière et dont il serait dommage de se priver.