J'ai été choquée de recevoir cet ouvrage rédigé en écriture inclusive. Dans la rédaction de la quatrième de couverture, rien ne laissait supposer que c'était le cas. Un choix rédactionnel dont le manque de pertinence est confondant. De facto, il écarte quantité de lecteurs qui n'adhèrent pas à ce système d'expression, profondément débilitant (selon mon avis). Plus grave : s'être exonéré de ne pas « annoncer la couleur », comme on dit, au futur lecteur est une forme de tromperie intellectuelle. Au fait, qui est TINA ?
TINA, c'est le célèbre « There is no alternative », (« Il n'y a pas d'autre choix »), de Margaret Thatcher, la Dame de fer qui a oeuvré toute sa vie pour l'oligarchie mondiale ; qui a organisé et poussé au désespoir les mineurs en grève. Une affreuse bonne femme.
Évidemment, avec un titre pareil, je m'attendais à... je ne sais pas à quoi je m'attendais, mais certainement pas à un machin écrit en en inclusif.
Comment lire un essai politique, à cette condition ? La planète est en train de partir en vrille, mais non, ce sont les règles de grammaire qui importent à ces auteurs. Pour eux, avant de commencer à changer le monde, il faut : « déconstruire le postulat selon lequel le masculin l'emporte sur le féminin » Mettre fin à l'insupportable sexisme qui règne au cœur de la langue française... Depuis toutes ces décennies, je ne m'étais jamais rendu compte d'une pareille aberration. J'ai toujours compris que le substantif « auteur » avait le pouvoir de mettre les hommes et les femmes à égalité dans l'écriture (comme dans d'autres professions, d'ailleurs !) ; que les femmes puissent, elles-mêmes, réclamer à cor et à cri une égalité qu'elles avaient de fait me sidère.
Rappel : le mot générique épicène, et masculin utilisé comme générique :
Le genre grammatical ne doit pas être confondu ni avec le sexe ni avec le genre social du référent. Ainsi une perdrix, qui est du genre grammatical féminin, est un mot épicène qui peut aussi bien désigner un individu mâle que femelle.
Mais que voulez-vous, aujourd'hui, la référence littéraire c'est Ernaux. Nous voilà à des années-lumière d'une Yourcenar, ou d'un Balzac (et de tant d'autres géants de la littérature). On a ce qu'on mérite, ou plutôt, ce qu'on est capable de lire.
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