Cass Neary a connu son quart d'heure de gloire dans les années 70 avec une série de photographies expérimentales mettant en scène des jeunes filles décédées – jeunes filles croisées au gré de ses errances nocturnes au sein du microcosme punk. Ces clichés ont attirés l'attention d'un éditeur qui les a publiés dans un recueil au titre évocateur : Filles mortes. Vingt ans plus tard, Cass est engoncée dans une vie insignifiante entre paradis artificiels, alcool et nostalgie. Aussi, quand l'occasion lui est donnée d'aller interviewer Aphrodite Kamestos, photographe culte des années 60 vivant désormais en ermite sur une petite île perdue au large du Maine, elle n'hésite pas une seconde, étant fan du travail de l'artiste. Mais tout ne va pas s'avérer aussi simple que prévu.
Ce roman, parut aux États-Unis en 2007, arrive chez nous seulement neuf ans plus tard, grâce encore une fois au formidable travail des Éditions Super 8 qui ne ménagent pas leurs efforts pour dénicher et proposer à leurs lecteurs des romans singuliers sortant des sentiers battus. Images fantômes se fond parfaitement dans leur ligne éditoriale privilégiant la qualité à la quantité (seulement huit romans édités par an, d'où leur nom).
Elizabeth Hand nous embarque dans une histoire anxiogène, naviguant habillement entre manipulations, disparitions et meurtres. Le récit est extrêmement pointilleux, aussi bien dans le domaine de la photo que dans celui de la navigation, et l'ambiance est pesante. La galerie de portraits brossée par l'auteure est tantôt dérangeante, tantôt croustillante, mais jamais dénuée d’intérêt. Un livre plaisant à lire.