Voici un roman qui partait pour décrocher les étoiles mais qui, malgré une héroïne nommée Lumière, aura petit à petit usé mon enthousiasme.
Cette biographie romancée de l'impératrice chinoise Wu Zetian semble bien documentée, pour autant que je puisse en juger, mes connaissances de la Chine en général et de la Chine médiévale en particulier, étant restreintes ; mais si je me fie à la narration très détaillée et à la complexité de la politique et des intrigues de la Cité Impériale, j'ai le sentiment que Shan Sa s'est donné beaucoup de mal à étudier ce destin hors du commun.
Dame Wu fait partie de ces incroyables figures féminines qui ont traversé l'Histoire en entrant par la petite porte et en sortant par la grande. Son destin qui la mènera de simple jeune fille quasi inconnue au trône impérial de Chine, devenant la première femme empereur et ayant fondé sa propre dynastie, force le respect. La biographie romancée est sans doute le seul genre qui m'aurait rendu ce récit accessible car je ne me serais pas intéressée de moi-même à ce personnage historique.
Ce qui a érodé insidieusement mon intérêt, c'est peut-être justement la minutie avec laquelle l'auteure relate chaque événement, ne nous épargnant rien non plus du spectacle du passage des saisons, de la migrations des oiseaux, de la température de l'air, etc. et ce sur plus de quatre-vingt ans. J'avoue que malgré leur beauté, je n'en pouvais plus de voir fleurir les cerisiers.
Evidemment, une trame chronologique s'impose dans le cas d'une biographie, pourtant, ici, j'ai eu le sentiment que l'auteure collait tellement à la frise temporelle que le rythme et l'action du roman finissaient par en souffrir. Le dernier tiers notamment, accumulation sans fin d'intrigues de Cour, de manipulations politiques, de tripatouillages avec les favoris et les concubines a fini par me donner le tournis.
Par contre, ce que je loue sincèrement, c'est la capacité de Shan Sa à immerger son lecteur dans un univers tellement supérieur en sophistication, en faste, en luxe, en esthétisme et en art de vivre (et de mourir) qu'il m'a fallu faire un réel effort pour me rappeler ce que nous, Occidentaux, étions au VIIème siècle et la comparaison ne fut guère flatteuse pour nous. Mais comme chaque médaille à son revers, notre barbarie d'alors valait bien la cruauté des mœurs chinoises et, à la réflexion, je suis heureuse de n'avoir vécu ni chez eux ni chez nous à cette époque.