Seattle est sous le choc depuis qu’un tueur en série y sévit. Tout commence par la découverte du corps d’un homme, scalpé. Puis d’autres atrocités se succèdent : un étudiant est sauvagement assassiné, un petit enfant est enlevé… Toutes ces victimes sont Blanches, ce qui conduit les autorités sur la piste de l’ « Indian Killer ». La terreur se propage peu à peu dans la ville. Tandis que les médias se délectent de ces horreurs, les habitants n’ont plus d’autre sujet de conversation que celui des meurtres dramatiques. Une telle atmosphère de panique favorise la montée de la haine raciale, qui ne tarde pas à se répandre dans tous les milieux. Des groupes d’Indiens s’emparent de la situation pour faire valoir leurs revendications ; des gangs racistes s’en prennent aux individus isolés. Seattle devient l’insécurité même.
Des êtres se détachent de cette phobie collective. Le militantisme de Marie, étudiante d’origine indienne confrontée au mépris de ses pairs ; la violence vengeresse d’Aaron, dont le frère s’est fait tué ; le déchaînement de Reggie, qui avance masqué, armé d’une batte de baseball, illustrent le dénuement d’une population misérable et perdue. Un personnage cristallise toutes leurs peurs, tous leurs doutes. Autour de John Smith, Indien adopté par un couple d’Américains, se forme un mystère inquiétant. Après avoir travaillé à la construction du dernier gratte-ciel de la ville, il démissionne, et ses visions étranges le font errer dans les rues dangereuses. Lui, le jeune homme modèle, effacé, proprement élevé par des parents bourgeois - tout le désigne comme le coupable de ces abominations.
Indian Killer est un livre percutant, à l’intrigue très bien menée, qui dénonce le délabrement social d’une civilisation. Les ravages de la drogue, la détresse des jeunes, le ressentiment des différentes ethnies s’enflamment. Dans cette cohue généralisée, la pauvreté est criante, obsédante. La justice, l’égalité, le respect sont autant de vides béants – et transforment l’avenir en un gouffre redoutable.
Extrait :
“Father”, said John, his voice rising, his hands gesturing wildly. “All the anger in the world has come to my house. It’s there in my closet. In my refregirator. In the water. In the sheets. It’s in my clothes. Can you smell it? I can never run away from it. It’s in my hair. I can feel it between my teeth. Can you taste it? I hear it all the time. All the time the anger is talking to me. It’s the devil. I’m the devil. If I could I’d crawl into a hole if I knew God was in there. Where’s the hole? […]”
Phil looked at John. He reached out and held John’s hands. Phil wondered if the Indian was a killer, or lost, or both.
“My son”, said Father Phil. “Tell me about your pain. I will listen.”
John looked around the small chapel.
“Father, your church is empty.”
“I know. Sometimes it feels empty even when it’s full of people.”
“How come ?”
“Because people are lost.”