Où l'on me donne piste de pourquoi j'ai, depuis des années, l'impression de n'être pas le surdoué que les gens et les tests m'assurent que je devrais être.
Premier bouquin écrit par un psychanalyste qui ne renvoie pas douance au rang des fantasmes et qui, pour être lacanien, n'en est pas moins philosophe et se veut moins féru de pouvoir que d'un savoir efficace, marqué au coin d'une gestion aussi prudente que vigoureuse des hypothèses. Tinoco raconte donc la douance d'une façon que l'on peut critiquer - et il met tout en oeuvre pour cela. Il renouvèle ce faisant le discours à son sujet, en le sortant peu ou prou du biologique pour en interroger le sens et donc le vécu, d'une façon qui ne soit de l'ordre ni d'une socio-ingénierie du psychisme sur la base de la plainte, ni de ces déplorations de gardien du temple que servent trop de psychanalystes en mal de prêtrise. Il est question de rapport à la Loi-qui-rate, d'éducation, de société. La démonstration est vive, je la trouve parfois exagérée, mais elle donne à repenser la douance depuis un espace de vécu qui n'est pas de réglage de soi. J'avoue que c'est aussi stimulant que rafraichissant.