Biopic atypique et passionnant d'une jeune inconnu sur fond de voyages, de muique et de politique

Je pourrais vous dire de relire le titre au lieu de vous faire un résumé car c'est presque ça. Mais c'est quand même un peu plus. Le premier roman de Guillaume Staelens retrace sur une quinzaine d'années la vie de Nicholas Stanley, de la tribu indienne des Nez-Percés par sa mère et américain par son père, du genre PDG d'une multi-nationale. Ado solitaire vivant seul avec sa mère, il se réfugie dans les livres, Poe, Burroughs, Thoreau, Melville. Passionné de BD et de comics, il dessine aussi à ses heures perdues. Rebelle sans véritable cause, intéressé par la politique, l'écologie, l'histoire, il s'éparpille un peu, avance sans but, vit au jour le jour, fait des rencontres, lâche tout du jour au lendemain pour changer de pays, vivre une nouvelle aventure.
C'est un peu tout ça que raconte le livre. On évolue avec ce métisse amérindien qui s'émerveille partout mas ne trouve de place nulle part. « Mon métissage se résumait à deux portes ouvertes qui me claqueraient brutalement au nez. » (page 198) On voyage aux quatre coins de l'Amérique. New York (« demeures somptueuses, façades fluo, galeries d'art et restos miteux, la cohérence était bannie, don du ciel pour un dessinateur débutant » page 94), Seattle, Vancouver, le Yukon, Porto Rico, La Nouvelle Orléans, Buenos Aires (« un univers métissé dans un décor de vieille Europe : l'avenir du monde » page 231) ...

Au fil de ses pérégrinations, on en apprend sur l'histoire de la ville, du pays, sur la politique actuelle, sur l'évolution politique des États-Unis, sur la transformation du continent sud-américain avec l'élection de Chavez, Lula, Michelle Bachelet et des autres. Vous saurez tout sur le Mercosur, l'Alba, les magouilles entre présidents, l'évolution fulgurante du Brésil de Lula. On en apprend aussi un paquet sur le rock, le grunge et les groupes qui ont suivi. Nirvana, Smashing Pumpkins, Björk, Oasis, les Red Hot...
Nicholas Stanley est une vraie pile électrique. Sans cesse en mouvement, il visite et découvre tout ce qu'il peut. Vous êtes prêts à le suivre ?

C'est un véritable coup de cœur que ce bien étrange road-movie. C'est grunge, poétique, ethnique, identitaire, politique, littéraire, musical, touristique, historique. Pris dans une spirale autant auto-destructrice (clope, alcool, drogue) que merveilleuse, le héros de cette tragédie qui ne manque pas de rebondissement vous fera vivre une aventure hors du commun, à mi-chemin entre la satire sociale et le récit de voyage.


critique avec extraits sur le blog
culturez-vous
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Les meilleurs livres de 2013

Créée

le 2 déc. 2013

Critique lue 106 fois

culturez-vous

Écrit par

Critique lue 106 fois

Du même critique

La Nostalgie heureuse
culturez-vous
3

La Nostalgie malheureuse...

Malgré les déceptions, je persiste à dévorer chaque année le nouveau Nothomb. Mais le dévorage est chaque année moins vorace, la dégustation moins exquise et le verdict moins convaincu. Page 139 de...

le 19 août 2013

15 j'aime

3

Le Crime du comte Neville
culturez-vous
7

Lecteurs exigeants, ce n'est pas encore pour cette année...

Ce n'est pas encore cette année qu'Amélie Nothomb surprendra le monde des lettres avec un grand roman. C'est pourtant pas mal, l'idée est bonne, un petit roman noir digne de Nothomb comme de...

le 13 juin 2015

13 j'aime

La Vérité si je mens ! 3
culturez-vous
7

Objectivement c'est moyen, subjectivement j'ai kiffé !

On pourra dire ce qu'on voudra. A savoir que ça sent le réchauffé, que le jeu des acteurs n'est pas le meilleur qu'on aie vu, qu'il n'y a plus la magie des deux premiers, que le scénario ressemble...

le 1 févr. 2012

10 j'aime

4