Le jour où Henri a «entendu» sa pensée, tout a changé. Il a découvert qu’il avait des pensées. Il en était devenu conscient. Il en a déduit que cette pensée avait été produite par quelqu’un, en l’occurrence lui. Cogito, ergo sum. Il a donc découvert sa propre existence… «Je suis moi». Combien d’enfants sentent le monde se dérober sous leurs pieds quand ils se retrouvent, au hasard de leur monologue intérieur, nez à nez avec ce genre de révélation ?
Il y a dans Je suis Henri Pinson un bouillonnement de philosophie que l’Ecole des loisirs recommande aux cerveaux de 5 à 7 ans, mais capable de mettre en fusion les méninges de tous les publics plus âgés qui goûtent le plaisir de l’introspection. Une fois sa machine à réfléchir enclenchée, on n’arrête plus Henri Pinson : il se demande comment exploiter ce superpouvoir, se découvre des envies de célébrité, décide de changer le quotidien en attaquant «la Bête» qui le terrorisait jusqu’alors et parvient à manipuler ses pensées de prédateur pour la rendre inoffensive.
[Extrait de la critique parue dans les «pages jeunes» de Libération]