Choisir ce qu’on va faire dans la vie, c’est pas donné à tout le monde. Surtout quand tes parents t’ont largué à six mois dans un orphelinat, que tu n’es pas doué pour les études (sauf la philo, va comprendre !) ni pour les travaux manuels. Alors, quand une bonne âme (enfin, c’est ce que tu crois !) s’intéresse à toi et te met dans la tête que tu possèdes un don hors du commun, tu ne réfléchis pas trop, tu te laisses aller gentiment à suivre ta destinée et tu te persuades que tu as la vocation sans vraiment te poser de questions.
Et c'est vrai, il faut dire que Babinsky est sacrément doué : depuis qu’il est marmot, ça ne rate pas, tout ce qu’il vise, il le touche, que ce soit avec des cailloux, des billes, des fléchettes ou des armes à feu. Qu’est-ce que tu dis de ça, hein ? Eh bien, son mafieux de bienfaiteur, ça l’a laissé pantois ! Du coup, s’il soigne son poulain aux petits oignons et lui paie des leçons au stand de tir tout en le gavant de bouillabaisse, ce n’est bien sûr pas par pure philanthropie mais parce qu’il escompte bien rentabiliser son investissement et faire du jeune garçon le meilleur tueur à gages de ce monde et de l’autre.
Mais il y a un hic : c’est que Babinsky est un garçon gentil, plus gentil que ça tu meurs, si j’ose dire. Vrai, tout ce qu’il cherche dans l’existence, c’est de voir les autres heureux. C’est vraiment beau, une grande âme comme celle-là! Mais l'ennui, c'est que ça tombe plutôt mal, ce trait de caractère pas vraiment compatible avec le boulot. Alors, Babinsky compose : avant d’exécuter ses contrats et de débarrasser la surface de la terre des ripoux qui l’infestent, il s’applique à les rendre heureux. Parce qu’il est comme ça Babinsky : il aime les chiens, Brahms et Montaigne, il cherche l’amour, suit une psychanalyse, et surtout c’est un tueur humaniste. Pas toujours évident de concilier les deux mais quoi, ce sont les risques du métier qu’il faut assumer. Ou pas…
Une histoire qui se lit d’une traite, plutôt originale, bourrée d’humour parfois noir, de situations cocasses non dénuées de tendresse. Certaines conversations font parfois un peu café du commerce, tout de même. Le suspense n’est pas l’élément principal de l’intrigue, même s’il prend plus d’ampleur au fur et à mesure qu’on se rapproche du dénouement. La fin n’est pas transcendante, sauf si vous êtes adeptes des bons sentiments. Et si vous aimez vous endormir paisiblement au coin du feu à côté de votre bouledogue préféré, là vous risquez d’être aux anges !