Cet ouvrage est le témoignage d’un Syrien qui a été contraint de quitter son pays en guerre. Un récit poignant que beaucoup de Français et d’Européens devraient lire, pour mieux comprendre le destin de ces hommes et femmes qui échouent en Europe du fait de la situation dans leur pays.


Joude Jassouma nous décrit d’abord son parcours dans la Syrie d’Hafez puis de Bachar el-Assad, c’est très instructif sur la nature du régime, despotique, mais où l’islam était contenu, les femmes n’étant pas obligées de porter le voile, par exemple. L’endoctrinement est très fort, notamment face à Israël, ou aux frères musulmans qui subissent une forte répression.


Au début de la guerre civile, Jehad (prénom qu’il transformera en Europe en Joude, Jehad pouvant inquiéter, un peu trop proche de djihad…) ne se sent pas vraiment concerné, n’appréciant ni le régime ni ses adversaires au sein desquels les islamistes prennent une place de plus en plus importante. La vie devient de plus en plus compliquée, il faut déménager souvent pour éviter de voir son logement détruit par les bombes, il va falloir à Joude se cacher pour éviter l’enrôlement forcé de tout homme entre 18 et 42 ans. Il est considéré comme un déserteur, et arrêté, il pourrait être exécuté…


Je vous passe les détails de la vie de cet homme, entre autres sa passion pour la langue française, qui en fait un personnage encore plus attachant (et qui explique aussi que nous ayons ici son témoignage). Il rencontre sa femme pendant la guerre, l’accouchement se fera dans des conditions dantesques. La petite famille se sent menacée, et ils décident de rejoindre la Turquie (là aussi je vous passe les détails) puis la Grèce après un voyage plus qu’inquiétant en mer.


Au final, Joude, sa femme et leur fille sont accueillis dans un petit village d’Ille-et-Vilaine. Et là, ça fait vraiment plaisir, Joude Jassouma raconte l’excellent accueil reçu dans ce coin de Bretagne, un village qui se mobilise pour accueillir des réfugiés et leur offrir de bonnes conditions de vie et les moyens de pouvoir s’intégrer. Ca fait vraiment plaisir dans la bouche d’un étranger de voir qu’il y a des Français généreux, ouverts, accueillants. Voilà la France qui devrait tout le temps être, voilà la France de mes rêves.


Un ouvrage souvent trop rapide, on aimerait vraiment en savoir beaucoup plus, mais un ouvrage utile parce que nous sommes de plus en plus insensibles à toute ces misères, à tous ces malheurs qui défilent sur nos écrans de télévision. La photo du petit Aylan a pu créer un choc mais malheureusement de trop nombreux Européens se replient par peur. C’est dommage, car ces hommes, malgré les différences, sont comme nous, ils méritent qu’on les aide et qu’on les accueille.

socrate
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le 5 juil. 2017

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