Roman pour ado prenant place en Angleterre, l'histoire de Jemima Small, une jeune ado de presque 13 ans souffrant d"embonpoint comporte sa part de bons points, mais quelques éléments viennent me narguer et de manière global, le roman ne fait pas dans la nouveauté.


Pour l'histoire, nous suivons Jemima, dotée d'une mémoire formidable et de facultés intellectuels supérieures à la moyenne, notamment logico-mathématiques. Elle verse dans les sciences et la culture générale abondamment, en bonne intellectuelle qu'elle est, mais compose aussi avec un poids qui en fait la cible de moqueries et de harcèlement. Deux axes vont venir se côtoyer dans sa vie: le premier: Jemima doit faire une pesés comme les autres cinquièmes années. De cette mesure apparait un cours particulier destiné aux étudiants ayant tous en commun d'avoir un "surpoids sévère" pour reprendre textuellement le roman. "Le Club des gros" comme il fini par prendre l’appellation chez les autres étudiants. Un cours donné par une entraineuse des paralympiques très motivée, Gina, mais qui donne l'impression aux membres d'avoir été catalogués encore plus. Le second axe s'articule autours de cette émission télévisée qui se fait s'affronter de jeunes surdoués, des "Cracks", comme ils disent. Et Jemima adore non seulement cette émission, elle en a le potentiel. Toutefois, entre les moqueries de son intimidatrice, la blonde et mesquine Lottie, les regards jugeant et piques des autres étudiants et son cours particulier, Jemima hésite à participer aux sélections.


Cette histoire de "pesés" à l'école m'a laissée perplexe, mais après vérification, il apparait que ce genre de processus a bel et bien cours en Angleterre, ce qui me laisse doublement perplexe. Quelle idée stupide! C'est tellement évident que ça favorise le mal être pour les étudiants qui ne sont pas dans les codes normatifs de poids. Ces données devraient être anonymes. Bref, pas génial comme façon de faire. Mais le problème prend des hauteurs lorsque je lis que les étudiants tagués "surpoids sévères" sont "invités" à faire un cours "Vie saine" qui, comble de bêtise, ne s'adressent qu'à eux, là je me suis senti indigné. C,est de la stigmatisation pure et simple, mais venant d'une Institution scolaire, c'est honteux. De surcroit, et pour avoir fait des études dans le domaine de la nutrition, ce genre de cours aurait facilement pu être inséré dans le cadre du cursus général, profitant ainsi à tous les étudiants! Après tout, "une vie saine" ce n'est pas avoir le physique d'un cure-dent, mais bien avoir une relation harmonieuse avec notre corps, avec la nourriture et je ne parle pas de la santé en général. En clair, ça concerne tout le monde, pas seulement les gens en surpoids. C'est donc assez choquant comme concept, même si celle qui en est la professeur se révèle assez censée et prodigue effectivement de bons conseils. J'espère que cette partie de l'histoire est fictive, parce que je n'ose pas imaginer les étudiants anglais subir pareille humiliation.


Côté histoire, je trouve encore une fois qu'on nage dans le déjà-vu, style américain. Une fille relativement rigolote et intelligente, persécuté pour son physique hors-norme, qui va se retrouver au termes de nombreuses péripéties humiliantes avec une réussite grandiose ( la participation au jeu télévisé). Pas franchement nouveau et très USA comme scénario. La diptyque typique "Cendrillon": partir du très bas vers le très haut grâce au pouvoir du rêve américain, à savoir ici la gloire d'être à la TV ! Seule nouveauté: la thématique du poids. Je commence à croire que les autrices américaines ont du mal à sortir des archétypes féminins peu nombreux, autant pour les romans que pour les séries.


On a planté ça et là des personnages très caricaturaux: le meilleur ami qui veut devenir acteur et qui a une grande gueule, la tante un brin mystique qui est calée sur l'ésotérisme, la garce de service évidemment belle et blonde, le grand frère désagréable qui se croit un peu trop, le père maladroit super anxieux ( qui manque aussi tellement de tact!). Je ne me suis pas vraiment attaché aux personnages.


On sens la tentative d'humour, mais je trouve que ça tombe souvent dans le mauvais goût ou la facilité. On fait dans les émotions, mais c'est maladroit, j'ai eu du mal à cerner l'évolution de Jemima. On reste souvent sur la surface et on met une importance démesurée sur son poids, je trouve. Le père a raté plusieurs occasion de se taire, le frère aussi.


Je trouve que beaucoup de choses se passaient dans le roman, mais sans aller plus profondément. Le cours de Vie Saine, les sélections pour l'émission, la mère de Jemima disparue, la camping, la vie scolaire, beaucoup d'infos sur l'ésotérisme, sur les spectacles de Jasper...une quantité astronomique de faits scientifiques et de culture générale, gracieuseté de Jemima. D'ailleurs, si elle sait beaucoup de choses, ça en fait pas d'elle quelqu'un "d'intelligent" pour autant. Savoir des choses, retenir des infos, sont des aptitudes, pas de l’intelligence. Jemima n'était cependant pas débrouillarde, pas très intuitive, se laissait rabattre très facilement. L'aspect "analyse" ne me semblait pas être une force, étonnamment.Donc, ça bouge, mais pour la plupart des passages, je dois dire que je m'en fichait.


Bref, de manière générale, le traitement du sujet me semblait superficiel, les péripéties convenues, l'écriture linéaire. Ce n'est pas addictif et c,est souvent même malaisant à mon sens. Je trouvais la famille de Jemima un peu débile, heureusement qu'il y a avait Gina et sa tante comme facteurs de résilience! Et je trouve triste que Jemima ait eu besoin d'un show TV pour finalement se dire que peut-être valait-elle quelque chose, bien plus que la valorisation apporté par ses plus proches alliés ne l'eurent jamais fait.


Mais bon, demeure le fait que lire ce roman permet, dans une certaine mesure, de favoriser l'empathie pour les personnes qui vivent avec un surpoids, je lui laisse cela comme point positif. Et on a été épargné par la romance malgré la présence d'un personnage féminin principal, ça aussi c'est bien! Et je mentionne aussi la présence d'un papa monoparental, qui malgré son manque de tact et de logique, semble au moins motivé à bien faire pour sa fille.


En fait, et c,est là une tare fréquente avec les auteurs des USA, traiter un enjeux social nécessite de la profondeur que ne saurait gommer un traitement sensationnaliste sous fond d'humour caustique. Parfois, la simplicité fait meilleur office qu'un amas de péripéties grandiloquentes.


Pour un lectorat du premier cycle secondaire ( 13 ans+), même si je pense que c'est aussi à la porté du troisième cycle primaire, les 10-12 ans.

Shaynning

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