Jeu de dames par bilouaustria

Mario Bellatin est un prestidigitateur. Une curiosité mexicaine. Un sombrero sur la tête de David Lynch. Pourquoi ? Parce que son Jeu de dames est un de ces récits mystérieux et obsédant dont il a le secret. Cent pages, deux histoires : celle d'un gynéco un peu patraque, la vie sans dessus-dessous, le moral dans les chaussettes, rattrapé par son quotidien et un drame étrange ; celle ensuite d'un enfant, venu à son cabinet par hasard, lui racontant une histoire sans queue ni tête en forme de long rêve. On referme le livre et la magie opère, les trous de ce gruyère géant viennent progressivement à se boucher. Parce qu'on devine que ces deux histoires n'en forment qu'une. Que des passerelles existent, menant de l'une à l'autre. Les textes du magicien Bellatin sont ainsi faits qu'ils vous poursuivent, vous questionnent, vous étouffent longtemps. Et le sens, comme une photo passée au révélateur, apparaît au milieu de cette chambre noire. Alors, Jeu de dames ou partie d'échecs ?