Soit noté que ce temps le blé estoit fort cher à cause du temps qui était fort pluvieux et aquatique

Livre trouvé dans une brocante, qui traduit la grande originalité de la maison d'édition 10/18 dans les années 1960 : mettre à la portée du grand public des sources historiques autrement peu accessibles. Quelle belle ambition ! La collection s'est complétée d'autres journaux de ce type, sous Henri III puis Henri IV.

Une introduction courte mais très informative de Philippe Joutard rappelle rapidement l'auteur, un avocat peu fortuné plutôt proche du peuple ; le contexte (l'expédition d'Italie de François Ier, sa capture, le sac de Rome de 1527...) ; le décor de Paris au début du XVIe. Joutard explique aussi ses choix : bouleverser quelque peu l'agencement des phrases, assez chaotique, pour le rendre intelligible au plus grand nombre. Sans avoir la moindre qualification pour juger sur pièce, je fais confiance à l'auteur.

Pour faire court, l'intérêt de la chronique de Nicolas Versoris réside davantage dans le fond que dans la forme. C'est un bourgeois moyen de Paris (il est requis une fois pour monter la garde aux portes) et il écrit sans intention d'être publié : par conséquent il parle sans chichis de l'opinion publique par rapport au roi, notamment de l'impopularité de François Ier à cause des taxes ou de certaines exécutions. Je renvoie à la 4e de couverture, qui décrit bien le contenu.

On imagine assez bien l'avocat qui, deux ou trois fois par an, sort de table en prenant un air important et dit qu'il va aller écrire sa chronique, s'enferme, pousse un gros soupir et galère pour se souvenir de tout ce qu'il voulait dire. D'ailleurs si la chronique est organisée par année, tout n'est pas dans un ordre chronologique parfait : parfois il a oublié quelque chose, et le met après.

La chronique s'étoffe au fil du temps : au départ, surtout des recensions de mort et de mariage (la première date de sa chronique est son mariage, le premier jour mariable après Pâques) et quelques anecdotes de prétoire ou exécutions publiques. Puis les événements politiques prennent de plus en plus de place : il faut dire que l'expédition d'Italie fournissait du contenu. Il y a notamment un long développement sur la peur des incendiaires après le grave incendie de Troyes en 1524.

Au final, c'est moins le contenu (avec peu d'informations inédites) que la voix, légèrement audible, du bonhomme, qui est intéressante.
zardoz6704
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le 20 août 2013

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