Il faudra un jour que je me penche sur les raisons qui font que je suis incapable de commencer l'exploration de l'œuvre d'un auteur par ses romans les plus connus.
J'avais découvert Robert Charles Wilson un peu par hasard, en naviguant dans la section SF de Rakuten (ex Price Minister) à la recherche de trucs nouveaux à lire (enfin, par "nouveau", comprenez des trucs que je ne connaissais pas, pas des trucs récents forcément). Le premier roman de l'auteur à avoir attiré mon attention fût "Julian". Son titre d'abord, sa couverture ensuite, puis le résumé. C'est pourquoi en toute logique, j'ai commencé par lire "Darwinia" (parce que quitte à faire n'importe quoi, autant le faire à fond).
"Darwinia" ne m'a pas laissé un grand souvenir. Roman d'aventure plus que de SF, je me rappelle surtout que je m'étais fait chier.
"Julian" est lui aussi un roman d'aventure plus de SF. Mais la comparaison s'arrête là : là où Darwinia réjouait les découvertes des premiers explorateurs sur une terre inconnue, "Julian" va plutôt chercher son inspiration chez Mark Twain.
L'intrigue prend place dans un futur lointain, au XXIIe siècle, alors qu'une grave crise à ramener le monde plusieurs siècles en arrière. L'auteur ne rentre pas vraiment dans les détails (et c'est dommage) mais on comprends qu'il y a eu la fin du pétrole + une baisse de la natalité (plus ou moins lié)... Bon, tout ça est assez simpliste, on ne peut pas dire d'ailleurs que le roman brille par sa complexité. Bref, on est revenu aux chevaux pour se déplacer et la société s'organise selon une structure plus ou moins féodale (là encore, tout ça est décrit de façon sommaire, ça sert juste de décor). C'est dans ce contexte que le roman décrit la vie de Julian Comstock, neveu du président en place, un tyran qui a fait tué son propre frère pour accéder au pouvoir (le père de Julian donc) et qui est bien décider à éliminer la dernière menace qui pèserait sur son trône. C'est ainsi que Julian est désormais exilé dans un petit village, histoire de mettre de la distance avec son oncle. Il est protégé par Sam Godwin, sorte de maître d'arme qui fait office de pere d'adoption, et s'est lié d'amitié avec Adam Hazard, un fils de prolo devenu comme un frère. C'est d'ailleurs lui, aspirant écrivain, qui narre la biographie de son ami et leurs aventures à tous les trois, de leur fuite du village à l'accession au pouvoir de Julian puis sa chute, en passant par leur enrôlement dans la guerre contre les forces Mittleeuropéennes dirigées par les Pays-Bas (et c'est là qu'on voit que Robert Charles Wilson ne connait rien à l'Europe).
L'aspect SF est donc réduit à un simple décorum, et il est encore plus réduit puisque l'action se déroule dans un futur qui ressemble au XIXe siècle. Une fainéantise qui ne s'arrête pas là : en racontent les exploits de son personnage principal à travers un narrateur extérieur, Julian devient presque un personnage secondaire parfois.
On ne peut pas dire qu'il se passe grand chose d'excitant tout au long de ces 600 pages, qui ne manquent pas de remplissage. On s'attendait au portrait de l'ascension d'un héros, on se retrouve avec un groupe d'adolescents qui vivent des aventures sympa mais loin d'être passionnantes. Leur passage dans l'armée (et leur retour ensuite dans la même armée) prend bien trop de place et l'ensemble manque vraiment d'événements marquants. Les personnages manquent aussi de substance et on peine vraiment à s'intéresser à leur sort. J'attendais une sorte de western du futur, je me retrouve avec un roman d'aventure pour ado, pas désagréable à lire, qui se lit d'ailleurs assez vite de par sa relative simplicité, mais sûrement pas un truc dont je me souviendrai longtemps.
Je tenterai Spin d'ici quelques temps, son roman le plus connu (avant 2024 avec de la chance) et si celui ci est tout aussi moyen, je n'irais pas plus loin dans l'œuvre de l'auteur canadien.