Karitas, c'est l'histoire d'une jeune femme islandaise au début du siècle, depuis son enfance dans une famille démunie jusqu'à l'âge adulte où elle se destinera à une carrière d'artiste. C'est bien entendu passionnant de découvrir cette Islande-là, de plonger dans une époque, de découvrir une certaine façon de vivre. Mais au-delà de ça, j'ai adoré l'épaisseur de ces personnages ni glorieusement bons, ni foncièrement mauvais, simplement humains, dépeints avec empathie et lucidité. Peu de livres parviennent, tout en même temps, à donner à lire de véritables leçons de vie et de courage (le début avec le combat de la mère, Steinunn, est juste incroyable), à raconter l'âpreté de l'existence et le désir ardent d'ascension sociale, à évoquer avec grâce les incongruités de l'amour et le "chaos", comme dirait le personnage, qui affleure en chacun de nous. Le livre n'est pas toujours facile : c'est très dense, et il y a des moments où il faudra peut-être s'accrocher un peu. Mais la respiration particulière du livre, entrecoupée de "tableaux", nous remet à chaque fois dans un doux moment de contemplation. Et vient toujours un passage, un chapitre, qui nous emmène complètement ailleurs, comme un magnifique passage de rédemption dans la montagne. Une belle lecture donc, avec de splendides personnages qui donne à découvrir une Islande du début 20e assez méconnue.