LA CARAVANE PASSE

Anjam Sudaram, étudiant en mathématiques dans la prestigieuse université de Yale, renonce à une carrière toute tracée chez Goldman Sachs pour aller couvrir les élections congolaises de 2006, qui opposent Joseph Kabila à Jean-Pierre Bemba.
Là-bas, il s’installe à Kinshasa, dans le quartier populaire et noctambule de Victoire, où il partage son quotidien avec une famille congolaise composée de Nana, son mari Serge et leur bébé. Il y découvre l’existence souvent difficile des habitants de la ville, entre insécurité, vols et coupures de courant fréquentes, et relations de voisinage complexes. Il y découvre des gens fatalistes, qui considèrent les nombreuses ressources de leur territoire – or, cobalt, étain, à n’en savoir que faire – comme une malédiction, puisque elles attirent les convoitises étrangères et empêchent les Congolais d’avoir la main sur leur destin.
Taraudé par son désir d'aventure, soucieux peut-être d'avoir des choses à raconter, il finit par quitter la capitale pour couvrir la guerre. Avec son collègue Bobby, il remonte donc le fleuve Congo en bateau, dans la direction de l’est.

Un texte littéraire, au style lent et contemplatif, et à l’atmosphère très onirique. L’auteur fait plus œuvre de romancier que de journaliste, prenant le temps de planter le décor, utilisant des événements assez triviaux – par exemple un vol de téléphone ou l’achat d’un ventilateur – pour décrire la vie quotidienne dans les quartiers populaires de Kinshasa. Son voyage sur le fleuve Congo, dans la jungle, est très hallucinatoire, sans doute une réminiscence de Joseph Conrad…