L’auteur s’exprime à la première personne du singulier. Il débarque dans la région de l’Ile de Bornéo. Région habitée par une tribu « Les Muruts » dont le chef est un irlandais bizarre Learoyd. En compagnie du radio Anderson, la résistance contre les japonais s’organise. Learoyd y perdra son épouse ainsi que son fils « Yoof ». Face à la détermination des anglais et des hollandais de rattacher cette partie du monde à leurs colonies, Learoyd croyait que son peuple obtiendrait l’indépendance. Alors, il soulève son peuple mais doit abandonner le terrain. Capturé par les anglais, il s’enfuira afin d’échapper à la justice avec en corollaire le suicide du colonel Ferguson en charge de l’opération.J’en ai sélectionné un extrait : « L’agonie de l’armée japonaise de Bornéo fut lente, très lente. Elle dura quatre mois jusqu’en octobre. Les hommes en longues colonnes s’enfoncèrent dans la jungle sombre et fétide comme des meurtriers aux abois et errèrent en aveugles sans voir le soleil, sans jamais pouvoir allumer un feu, jour après jour, nuit après nuit, sans interruption, pendant quatre mois, un tourbillon de démons invisibles les assaillit. Des groupes entiers furent hachés par les balles des comanches ou sautèrent déchiquetés sur leurs pièges ; certains affolés par la rage lancèrent des assauts dans le vide ; les autres maintinrent leurs gardes tiraillant comme des ombres et des fantômes. Il y eut les flèches empoisonnées comme des poignards de bambou froids et lisses dans la chair vive ; ceux qui moururent dans d’atroces souffrances, ceux qui perdirent pied en prononçant des paroles incompréhensibles peu à peu dépassés, abandonnés ; ceux qui deviennent fous. Il y eut la faim et son cortège d’horreur : les ventres qui se vident et qui saignent, les dents qui tombent, les membres qui gonflent, les plaies qui se gangrènent, la peinture, la fange innombrable, l’esprit qui s’égare. Ils mangèrent des herbes, des sangsues, des insectes, de la boue. Vint enfin le désespoir, avec l’abominable bourdonnement des mouches qui annonce aussi sûrement la mort qu’un vol de charognards. Ils gémirent, ils pleurèrent, jurèrent, vociférèrent, ils implorèrent. Les pistes furent jalonnées de pendus, les vallées résonnèrent de coups de feu solitaires. Au secours ! Au secours ! Ce n’était pas encore fini, le pire allait venir, heureux les faibles qui avaient la sagesse de se donner la mort parce que ceux qui vivaient toujours allaient maintenant s’entretuer pour se deviner. Voilà ce que fut le naufrage de l’armée japonaise de Bornéo. L’accumulation de toutes les larmes, de toutes les terreurs, de toutes les agonies de milliers et de milliers d’hommes.Cette même période fut pour moi, pour nous, aussi enivrante qu’une charge de cavalerie. Que Dieu nous pardonne !...

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le 30 sept. 2024

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