Retour à ma licence de philo, où j’avais étudié pendant un semestre la théologie de Maître Eckhart. Exigeante, déroutante, iconoclaste pour son époque. Mystique du XIVème siècle, il n’hésite pas à démontrer que l’homme doit forcer Dieu à venir en son âme, plutôt que de faire consciemment le mouvement vers Dieu (par la prière par exemple). Comment ? En se détachant entièrement, en cultivant une impassibilité totale, âme tableau noir/Néant, nécessaire pour que Dieu y fasse sa place… et pour que l’homme se vêtit de Lui. C’est assez fou de réaliser qu’un théologien chrétien mystique du Moyen-Âge développe les mêmes pratiques méditatives que Siddhārtha pratiquant la renonciation pour atteindre l’éveil… Deux univers spirituels et géographiques qui ne savent rien de l’autre mais qui pourtant sont frères… C’est vertigineux de se rendre compte que malgré des chemins différents, on arrive peu ou prou aux mêmes conclusions ; comme si nos bagages culturels (religion, langage…), après un travail philosophique exigeant, tombaient, et que nous arrivions tous devant la même Vérité. Ces coïncidences pas si futiles me font beaucoup avancer spirituellement. Et donc pourquoi l'amour est fort comme la mort ? Parce qu'elle permet, à force de détachement et de renoncement, de séparer l'âme du corps, pour rejoindre la déité... rien que ça !
J'ai un peu perdu le fil sur la partie trinité de Dieu/trinité de l'Âme (qui m'intéressait peu à vrai dire), mais quelle richesse de pensée néanmoins...