...ou comment un petit tas de pages peut dépoussiérer un tas de préjugés !
Je mentirais si je disais que ce livre ne m'a pas fait de l'effet.
Il est d'ailleurs rédigé dans ce but: le style est incisif, les paragraphes sont brefs et directement dirigés contre tel ou tel point de la réflexion majoritaire en éthologie, c'est-à-dire celle qui considère l'animal uniquement comme une machine.
"ceux qui se soucient aujourd'hui des animaux ne sont pas des femmes ou des adolescentes à la sensibilité exacerbée, mais des individus qui constituent l'avant-garde d'une nouvelle culture en gestation": MERCI.
On sent l'énervement de l'auteur (plus que)derrière chaque ligne... Ce ne serait pas grave s'il s'agissait seulement de la colère d'un professeur isolé, mais elle reflète en réalité des enjeux essentiels. Enjeux exposés avec brio dans ce livre.
A la croisée de l'éthologie (qui étudie les comportements/attitudes des animaux) et de la philosophie, ce livre est véritablement abordable par tous. La preuve en est que j'ai l'habitude de sélectionner les passages les plus ardus des livres de philosophie que je lis. J'en fais ensuite une lecture très expressive à ma grand-mère pour la faire rire...Mais ici, aucun passage véritablement compliqué au point d'en devenir absurde.
Une impression d'urgence se dégage de cet essai, urgence à faire évoluer le monde des universitaires intolérants (Lestel a d'ailleurs des mots très durs contre eux - c'est justifié), urgence à faire évoluer les conceptions de ceux qui sont trop occidentaux pour se sentir véritablement proches des animaux, urgence donc à mieux comprendre les mondes animaux pour ce qu'ils sont: tout, sauf des sociétés d'automates, de machines.
BONUS: Lestel est probablement le seul universitaire sous la plume duquel vous verrez évoqué le cas des Tamagotchis !
QUESTION SUBSIDIAIRE: je ne sais pas qui a illustré les fins de chapitres...Si quelqu'un peut m'éclairer là-dessus, il/elle est le bienvenu !