Je suis athée. Cette lecture ne fut donc pas particulièrement douloureuse ni révoltante pour moi. Au contraire, je l’ai ouvert en étant serein, émotionnellement détaché, et même déjà acquis aux idées de l’auteur. J’ai trouvé dans « L’Avenir d’une illusion » une pensée cohérente, des arguments fondés et qui m’ont même semblé corrects. Le style est très clair, agréable et facilite la compréhension du paradigme freudien.
J’ai beaucoup apprécié les interventions d’un contradicteur fictif au fil des chapitres. Freud aide le lecteur à mieux comprendre sa pensée, et fait parallèlement preuve d’une grande honnêteté intellectuelle en développant des arguments contraires fondés et légitimes.
« Les critiques persistent à déclarer « profondément religieux » un homme qui se reconnaît le sentiment de sa petitesse et de l’impuissance humaines devant la totalité du monde, alors que ce n’est pas ce sentiment qui fait l’essence de la religiosité, mais seulement le pas suivant : la réaction qui cherche un secours contre ce sentiment. Celui qui ne va pas plus loin, qui se contente humblement du rôle infime de l’homme dans le vaste monde, celui-là est bien plutôt irréligieux dans le sens le plus vrai du mot. » (Freud, L’avenir d’une illusion, éd. GF, p.126)