Très chouette découverte que cet Empire des Mechas.
Le roman est une uchronie qui reprend le principe de départ du Maître du Haut-château de Philip K. Dick : un monde dans lequel l'Empire japonais et le IIIe Reich ont écrasé les forces alliées durant la seconde guerre mondiale et se sont partagés le monde.
Le récit se situe aux EUJ (États-Unis du Japon), l'État issu de la conquête japonaise des États-Unis, en 1994. Les Rocheuses semblent servir de frontière entre les parties allemandes et japonaises du continent, le Texas servant de zone démilitarisée tampon entre les deux. Car les relations entre les deux empires ne sont pas au beau fixe, plusieurs conflits les ayant opposés dans le passé.
L'élément nouveau de cet univers, c'est bien sûr la présence des méchas qu'on nous annonce dans le titre. Sur le principe des Gundams, l'Empire japonais a conçu des armures de combats géantes (pilotés par un, ou plus souvent plusieurs pilotes), qui leur ont permis de vaincre les Américains dans la guerre du Pacifique, puis de contenir les Nazis au cours des divers conflits les ayant opposés.
C'est dans ce contexte de relations tendues entre les deux Empires que se tient le roman, où l'on suit le jeune Makoto (Mac) dans son ambition pour devenir pilote de mécha. Il passe donc le gros de ses journées sur des jeux vidéo (notamment des simulateurs de méchas), afin de s'entraîner et surtout de compenser son dossier scolaire plutôt quelconque.
Les scènes de jeux vidéo rappellent le Ready Player One d'Ernest Cline, et sont très réussies. De même, les scènes de combat de méchas sont prenantes et extrêmement graphiques et participent de la réussite de ce roman. Les personnages ne sont pas en reste, servis notamment par des dialogues savoureux.
La société nippono-américaine est aussi très bien pensée et rendue, avec un mélange de traditions japonaises et de culture consommériste "à l'occidentale", une cuisine réinventée et très, très présente (une sorte de gimmick de la culture nippone si j'en crois les mangas que je lis, où la bouffe est omniprésente, même, et surtout, si c'est pas le sujet). On n'en sait un peu moins sur le Reich, qu'on ne fera qu'effleurer dans ce roman, mais ça n'a pas l'air très riant, leurs théories raciales étant, évidemment, toujours d'actualité.
Bref, j'ai vraiment apprécié la lecture de ce roman, qui appelle clairement à une suite. On notera d'ailleurs que l'auteur avait déjà écrit un roman dans ce même univers, mais que ce dernier n'a pas (encore ?) été traduit en français.
Ces deux romans ont été couronnés au Japon (qui aime bien les robots géants faut dire), par le prix Seiun qui récompense les œuvres de SF.
Je ne peux qu'applaudir leur choix, L'Empire des méchas, c'est très bien.