1787. Alma et Joseph ont rejoint Saint-Domingue sur les traces du navire La Douce Amélie et de son insaisissable trésor. Mais Alma n’a qu’un seul but : retrouver Lam, son petit frère.

Dans les plantations de canne à sucre, les champs de coton de Louisiane, parmi les milliers d’esclaves qui se battent pour survivre, la jeune fille poursuit sa quête tandis que Joseph traverse à nouveau l’Atlantique.

On parle d’abolition à Londres. En France, le pouvoir de Versailles commence à vaciller.

En se séparant, les chemins d’Alma et Joseph leur rappellent à chaque instant tout ce qui les unit.


Il est souvent difficile d’évoquer le deuxième tome d’une trilogie, par essence coincé entre un premier volume dont on prend soin de ne pas trop déflorer l’intrigue et les mystères, et un troisième qui viendra conclure en beauté (ou pas…) l’ensemble de sa vaste histoire.

Je ne vais donc pas trop m’étendre sur cette suite d’Alma, la première trilogie de Timothée de Fombelle, sinon pour dire que le romancier reste à la hauteur de son très ambitieux projet – même si, à l’occasion, et pour la première fois dans l’œuvre admirable de cet écrivain que j’adule, j’ai senti passer quelques petites longueurs. Peut-être est-ce parce que j’avais relu le premier tome juste avant de me plonger dans celui-ci, et que cela faisait beaucoup d’Alma d’un coup…


Peut-être, aussi, est-ce la « faute » de cette narration au présent de l’indicatif que Timothée a décidé de retenir cette fois, et qui me semble affaiblir légèrement le souffle et la puissance naturelle de son écriture. Ceci doit être considéré comme une réserve particulièrement subjective : j’ai un problème global avec le présent de l’indicatif dans les romans, qui me semble nécessiter un redoublement d’effort et d’intensité de la part de l’auteur pour sublimer la narration.

Et là, dans cet exercice délicat, même Timothée de Fombelle peut s'avérer moins inspiré que d'habitude. Réserve néanmoins à relativiser, en rappelant que le garçon est très largement au-dessus du lot de manière générale, et que face à tant de génie, on a le droit, parfois, de se montrer un peu jal... tatillon.


Rien de rédhibitoire, donc, et certains passages sont éblouissants, tandis que la quête des différents héros de cette fresque aussi courageuse que nécessaire sur l’esclavage (et le combat pour l’abolition de cette dernière) prend de plus en plus de force et d’épaisseur, notamment en ralliant la Nouvelle Orléans et la Louisiane, ainsi que Saint-Domingue, terres dont le romancier magnifie les décors tout en les peuplant de nouveaux personnages exceptionnels (palme du coeur à Santiago Cortès, le "prince du cacao", et de l'horreur à l'épouvantable Isabelle Bouton-Lachance, qui n'a rien à envier à l'horrible Dolores Ombrage de la saga Harry Potter).


Nul doute que les jeunes lecteurs, à qui cette œuvre s’adresse en premier lieu, apprendront beaucoup de cette sinistre page d’Histoire de l’humanité, et qu’ils en tireront, entraînés par la conviction et l’empathie de Timothée de Fombelle, les meilleures leçons pour tracer leur propre chemin vers la compréhension et le respect des autres, quels que soient leurs origines, leurs couleurs de peau et leurs croyances. Croisons les doigts, en tout cas, pour que ce soit un tout petit peu le cas... Si un roman pouvait avoir un pouvoir, que ce soit celui-là !

ElliottSyndrome
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