Étrange lecture à mi-chemin entre le nature writing et le thriller, avec un soupçon de philosophie nihiliste prodiguée par un personnage misanthrope.


Will Gasper est un être atypique, de ceux qui préfèrent courir nu dans le désert, gravir pour la millième fois la même montagne (ici, la Lune au Nevada), manger des insectes parce que c’est riche en protéines, et dormir sans toit ni toile entre lui et le ciel.
Au-delà de ça, le type se croit pourchassé par « le chat Palug » et se sait poursuivi depuis 20 ans par la sorcière Cerridwen, déesse de la mort et de la fertilité des légendes galloises. Il faut dire que William n’est pas ce qu’on pourrait appeler un enfant de chœur, soldat pendant la guerre de Corée et excellent tireur, il nous fait plonger dans ses souvenirs, nous interrogeant sur la différence entre un assassin, jugé et honni de tous, et un soldat qui tue pour le compte de la société. Eh oui, le gars est comme ça. Ses réflexions peuvent être à la fois très pertinentes et d’une grande lucidité, quand le reste du temps, il culmine au sommet de ses propres hallucinations (ça doit être dû au manque d’oxygène…)


J’ai une préférence pour ses souvenirs et ses réflexions que pour ses délires paranoïaques (le type prétend avoir un œil qui voit tout pendant son sommeil), ou pour sa randonnée sur la Lune (il monte, il descend, wouhou, on a vu plus intéressant).
Parfois, j’aime bien suivre des personnages qui n’ont rien à voir avec ce que je vis et qui vont développer des pensées qui me parlent. Même si le type flirte avec la folie, comptabilise avec précision les victimes de ses talents de tireur, le portrait qui en est fait, parvient à nous représenter la complexité de l’âme humaine.


Bémol : j’ai un peu de mal à saisir la fin, l’auteur en avait-il assez de cette histoire ? Pourquoi un tel goût d’inachevé ?


Ça vaut le détour pour son originalité, mais il est préférable de savoir dans quoi on se lance en ouvrant ce roman. Concrètement, c’était un bon moment de lecture, particulier, un brin dérangeant, clairement pas un livre pour tout le monde.

Jude
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le 20 sept. 2021

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Jude

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