Critique de Shaynning
Second opus de la série qui a gagné le Prix des Libraires du Québec dans la catégorie BD étrangère, "L'ombre de l'oiseau" est plus sombre et profond, mais prend place dans un monde plus élaboré,...
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le 23 oct. 2022
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Dans ce roman jeunesse de 300 pages à la jolie couverture, il est question d'un groupe de cinq jeunes d'environ 11 ans, qui sont sélectionnés pour étudier dans une école privée, situées sur un île sur laquelle on ne retrouve aucunes cigales, mais qui porte pourtant leur nom. J'en sors globalement satisfaite malgré quelques éléments moins étoffés ou légèrement incohérents.
Cinq jeunes donc, qui ont tous un intérêt académique différent, mais un intérêt personnel commun: la musique. Dans cette école quelque peu étrange, où les niveaux sont inversés ( de la sixième vers la troisième), où les étages de chambres n'ont pas trop de sens et où les groupes par niveaux ne sont que de cinq, c'est cependant une école où on vise une certaine excellence et donc, en ce sens, c'est un dur travail qui attend les jeunes gens.
Je vous les présente sommairement.
Marguerite est une jeune fille blonde qui souhaite devenir violoncelliste. Fille d'un premier mariage dont la mère est décédée, elle voit son père épouser une autre femme, qui se montre antipathique avec Marguerite. La jeune fille cherche donc s'éloigner d'une famille qui, à son avis, ne veut plus d'elle.
Cerise est une rouquine qui chante très bien et aspire à devenir chanteuse. Si elle semble à priori anxieuse et pleurnicharde, on lui découvre un caractère fort, parfois impulsif.
Caleb est doué en maths, un peu trop, mais se découvre un intérêt marqué pour le piano. Il a la peau noire. Ses parents viennent de Guadeloupe.
Agostino, dit Ago, c'est un artiste polyvalent, des arts plastiques à la poésie. Il est grand,maigre et végétarien. Assez maladroit. Il se découvre un intérêt pour la guitare auprès d'Éli, un troisième ( donc denière année).
Nordine est un coureur, grand et costaud. Nordine est également venu sur l'île avec un instrument,la debourka, sorte d'instrument à percussion algérien ( ou marocain).
À leur arrivé dans cette école ( de 20 élèves) les cinq deviennent rapidement des amis, dont les liens sont cimentés par la musique, puis par leur désir de préserver la mémoire d'Alma. Qui? Lorsqu'ils décident de former un groupe, les cinq amis intéressent Éli, un étudiant finissant à la personnalité colorée, qui leur partage un secret: dans les entrailles de l'école se cache une ancienne planque de la Résistance française, elle-même cachée dans un ancien orphelinat. Une sacrée poupée russe cette école! Bref, les Cinq et Éli décident d'en faire leur lieu de pratique pour leur groupe de musique, baptisé "les Tigres". Dans la partie "Orphelinat", bien qu'ayant juré de ne pas toucher aux dossiers laissés là, Nordine ramène avec lui celui d'une jeune fille de leur âge, Alma. Incapable de garder l'horreur qu'il y trouve, Nordine fini par partager sa trouvaille avec les quatre autres jeunes ados. Alma est décédée, elle n'a pas réussi à traverser la Suisse et elle était porteuse d'un rêve, celui de danser. Ensemble , les Cinq décident alors de perpétuer sa mémoire et de retrouver sa famille pour leur confier le dernier objet ayant appartenu à Alma, un collier qui porte son nom. En parallèle, les Cinq se retrouve au cœur d'un conflit impliquant Éli et les autres finissants.
Bon, autant être honnête, j'ai passé une bonne partie à me mélanger entre les trois garçons. Et j'ai trouvé l'attitude de l'intimidatrice Claire-Marie vraiment brutale et je doute que dans une école où ils sont seulement cinq par niveau que ce genre de petite brute puisse agir comme elle le faisait. Mais bon, ce n'est que mon avis.
Par rapport aux autres romans de littérature intermédiaire que j'ai lus, donc la tranche de lectorat 9-12 ans, j'ai trouvé l'écriture un peu trop simple. Phrases très courtes, parfois même composées de quelques mots sans verbes, avec un choix de vocabulaire très basiques, ce peut être une force aussi bien qu'une faiblesse. Par rapport aux autres livres inter, c'est du langage vraiment simpliste, mais d'un autre point de vue, ce peut être bien pour les jeunes lecteurs qui ne lisent pas beaucoup ou pour qui la lecture n'est pas une chose aisée.
Néanmoins, pour faire du pouce sur la simplicité, les personnages aussi manquent de relief. On leur a collé des étiquettes et on s'en est tenu, en quelque sorte. Leur personnalités se ressemblent, surtout les garçons. Seul le personnage d'Éli s'élève bien au dessus de la masse. Par contre, quand on a un personnage "bizarre", par expérience, ce n'est pas difficile de le faire détonner. C'est même précisément le défis de donner du relief aux personnages plus "standards".
J'ai trouvé les Cinq plutôt enfantins pour leur âge. Je me serais attendu à ce genre de comportement plus vers 8-9 ans, mais moins chez des 11 ans. Enfin bon, relativisions, je me base sur ma propre expérience avec les jeunes, mais l'autrice a peut-être eu plus de rapports avec des jeunes méga-excités un peu immatures, qu'en sais-je?
Il faudra attendre la moitié de livre pour vraiment embarquer dans l'action, qui fini somme toute par bien couler, ce qui en fait un début long. de plus, il est un peu mal équilibré: un début long et une seconde moitié très rapide. Il y a aussi plusieurs incohérences:
le manque flagrant de surveillance la nuit , rappelez vous, il n'y a que 20 élèves; le fait que personne n'a trouvé la trappe pendant 80 ans, mais qu'un seul jeune de 11 ans ait réussi; les travaux à la fin ( oula, ça c'est vraiment bizarre) qui ont été réalisés en 15 jours : asseyez d'emmener des matériaux, meubles, accessoires et des guitares neuves sur une île pour réaliser des travaux ( en secret pour ne pas déranger les 10 autres étudiants qui ne sont pas au courant et ne doivent pas l'être) dans un vieille cave centenaire qu'il faut emprunter au 4e étage, tout en y intégrant un piano. Comment diable ont-ils réussi un coup pareil? C'est mignon comme idée, mais c'est totalement irréaliste. Et je ne parle pas de tout ce "mystérieux dialogue entre la Cigale et son directeur pas très expliqué.
Et il faudra attendre la page 222 pour savoir que les "sbires" à la Crabbe et Goyle qui suivent Claire-Marie s'appellent Bastien et Sébastien. Tweedle-Dee et Tweedle-Dum, quoi!
Des incohérences , donc, combinés à quelques éléments plus ou moins travaillés. La Cigale a parlé de "raisons parasites", ça m'a intriguée, mais on n'extrapole pas là-dessus. On assume que le lecteur trouvera les éléments "parasites" tout seul chez les protagonistes, mais mit à part Marguerite, dont les problèmes familiaux sont clairs, les autres n'ont que des petits tracas familiaux plutôt insignifiants. Et j'imagine que ce la Cigale ne peut pas utiliser les motifs évoqués pour la sélection de ses étudiants, pour la simple raison que ne sont pas des enjeux concrets. Donc, j'imagine qu'on assume que seuls les enfants doués entrent là, c'est ça? Et pourquoi n'y a t-il pas de "deuxièmes" et "premières années"?
On a tout-de-même quelques éléments intéressants: on a des origines ethniques diverses, une petite leçon sur le racisme ( un peu tirée par les cheveux, mais présente) un petit pan d'histoire avec Alma, jeune juive qui aurait séjourné dans leur école, du temps où il servait de relais au réseau clandestin de la Résistance et j'ai adoré le fait qu'on a UN danseur de ballet, pour une fois.
Et la fin me fait penser à Hight School Musical, avec un "happy ending" grandiose tout en spectacle et chansons où tout converge sur une flopée de bonnes nouvelles pour tout le monde et par miracle, le fruit de leur recherches leur tombe dessus! Ça me semble encore une fois tiré par les cheveux.
Donc, globalement, ce n'est pas un mauvais livre. C'est divertissant ( rendu à la moitié du livre), remplis de belles valeurs, ça parle de musique et de danse, il y a une tentative de l'autrice de ne pas tomber dans les stéréotypes, plus ou moins réussie, mais tout-de-même présente. Malgré les incohérences et le langage un peu trop enfantin, ça demeure une belle petite histoire.
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Créée
le 28 août 2020
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