" Elles regarderaient cent mille ans qu’elles n’apercevraient rien, les pauvres sœurs "
Dans Intérieur, " drame pour marionnettes " d'une modernité impressionnante, toute l'écriture symboliste aide au sens et, presque, à l'horreur. Tout tourne autour d'une hésitation, d'une peur, d'un aveu, celui d'un évènement inhumain ; la mort de l'enfant annoncée à sa famille. La fille morte, décrite comme le personnage sublime à l'image de l'Ophélie de Hamlet, fait encore régner le doute sur les causes de sa mort, mais le fait est qu'elle était là, noyée, et qu'il faudra finir par le dire.
Ce " Il faut " est mené par un cortège, monopolisant les cinq sens, et arrivant peu à peu vers l'intérieur où siège la famille, que l'on se contente de commenter, entre Les Vieux et Ces gens-là. Très courte, les personnages ont une forte portée christique, et les symboles (Ophélie, les fleurs, Marthe et Marie, l'horloge) sont forts. C'est l'histoire de quelque chose qu'il faut et qu'on attend, qu'il faut vivre comme une expérience, comme une proposition, comme un doute.
Sans portée allégorique ou message, on peut y voir une dimension allégorique ; au fond, on peut y voir ce qu'on veut, ce qui lui offre d'importantes potentialités dramaturgiques, et qui en fait un bon point de départ pour travailler le théâtre, autant sur la forme que sur le fond.