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Santiago du Chili. Un tourne-disque jeté par la fenêtre au cours d'une dispute conjugale fracasse le crâne d'un passant quelques mètres plus bas. Ce passant n'est pas n'importe qui. Il s'appelle Pedro Nolasco Gonzalez. A 70 ans, cet anarchiste est une légende vivante, plus connu sous le sobriquet du Spécialiste.

Dans un hangar, trois sexagénaires se retrouvent, de retour d'exil 35 ans après le coup d'état de Pinochet. Ces anciens militants d'extrême gauche attendent le Spécialiste. Il doit leur proposer de participer à une action révolutionnaire. Evidemment, le Spécialiste ne viendra jamais. Celui qui se présente à sa place n'est pas un inconnu, mais c'est loin d'être une flèche...

Roman de l'exil, du déracinement et du temps qui passe (le titre résume merveilleusement l'ensemble !), ce texte se distingue par sa truculence et ses fulgurances littéraires. Ces papys tiennent plus des Pieds Nickelés que des grands héros révolutionnaires. Il ne leur reste que des souvenirs, et c'est déjà beaucoup. Sepulveda porte un regard plein de tendresse sur ces compatriotes qui lui ressemblent tant (proche des jeunesses communistes, il fit deux ans de prison sous Pinochet avant de s'exiler en Allemagne puis en Espagne).

Il dresse une galerie de personnages secondaires plus touchant les uns que les autres : un vieil inspecteur humaniste au grand cœur, sa jeune collègue pleine de bonne volonté ou encore cette femme qui regrette amèrement son exil berlinois et ne vit que grâce aux doux souvenirs laissés en Europe. Et puis il y a la ville. Santiago est un personnage à part entière Noyée sous les trombes d'eau pendant tout le roman, elle vit, elle aussi, avec la mémoire de sa grandeur passée. Aujourd'hui terne, sale, s'étant développée en dehors de tout contrôle, elle n'est plus que l'ombre d'elle-même.

Sepulveda aurait pu faire de son texte une mélopée d'une insondable tristesse. Il a choisi au contraire de traiter son sujet avec humour et de dérouler cette prose jubilatoire qu'il maîtrise si bien. A consommer sans modération.
jerome60
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le 12 mars 2011

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jerome60

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