La Punition

Ce qui est bien avec Bruce c'est qu'il n'est jamais décevant. Si je pensais qu'il avait déjà touché le fond avec ses vidéos il a réussi à aller encore plus loin avec son premier livre, magnifique tapuscrit de ses vidéos... et là il réussit à plonger encore plus dans la nullité avec son premier roman, un thriller daubé comme pas possible, écrit avec les pieds et publié chez Flammarion.

C'est là que l'on voit le cynisme des éditeurs... Ils ont publié ce qui pourrait à peine être considéré comme un premier jet juste parce qu'on peut mettre la trogne de Benamran sur la couverture et les ados de 15 ans vont se précipiter pour donner leur argent. C'est comme son tipeee en fait, on donne mais on a aucune contrepartie en retour, si ce n'est de l'ennui à l'état pur.

Oui je me suis rarement autant emmerdé en lisant un truc. Bon déjà c'est juste laborieux à lire, il ne donne quasiment aucune indication temporelle, spatiale, il faut tout deviner. Il parle de l'autoroute A86, on doit savoir où c'est ?

Je veux dire quel provincial connaît le nom des autoroutes parisiennes ? On mentionne vite fait Paris, premier vrai lieu au chapitre 36 (sur plus d'une centaine), puis on parle de Issy les Moulineaux... mais idem, je sais où c'est juste parce que j'ai déjà dû m'y rendre, mais le lecteur qui ne vient pas de Paris, comment il fait pour deviner ? Et pourtant lui vient de Strasbourg...
Et donc on ne sait jamais quand on est réellement, à quel moment de la journée, ni où se déroule précisément l'action. Il n'y a quasiment aucune description de lieu. Je dis quasiment aucune car à un moment il décrit une pièce en disant qu'il y a des prises électriques (oui... sérieusement) et des prises RJ45... pourquoi ? pour montrer qu'il est informaticien et que lui connaît le vrai nom d'un « câble internet » ? Quel est le projet d'être jargonnant de la sorte ? Donner l'impression que lecteur abruti qu'il lit un technothriller de haut vol ? Bruce, personne n'est dupe... On le voit que c'est pourri.

C'est écrit platement au possible, Bruce n'a aucun style (et pas que vestimentaire). Une succession infinie de pronoms, de prénoms, sans jamais avoir la moindre variété, de périphrases, c'est juste plat, bêtement descriptif : « Il fait ça » Ok, formidable. Mais la littérature elle est où ?

C'est d'une mollesse atroce. Et vu que tout est transparent il n'y a aucun mystère, c'est juste chiant, on ne peut même pas dire : "je lis pour connaître la fin", tout ça est sans imagination, d'une banalité absolue...

Je crois que ça faisait longtemps, qu'il n'y a pas des chapitres que j'ai survolé de la sorte. Il ne se passe tellement rien et c'est tellement chiant à lire que finalement il n'y a plus aucun plaisir, même pour se moquer... parce que oui, je l'ai lu pour ça, pour me moquer... Et Bruce m'a puni ! On cherche juste l'info qui va faire avance l'histoire au milieu de tous les petits "easter eggs"... Parce que oui, notre ami Bruce ne se refait pas, il balance plein de références à des trucs de la pop culture juste pour le plaisir, ce n'est jamais justifié. Un bien piètre cache misère qui ne fera illusion qu'auprès des plus jeunes.

Mais le pire c'est lorsqu'il mélange les entreprises privées fictives de son bouquin avec des entreprises qui existent en vrai, tout en se permettant de dire « truc » ou « machin » (véridique) lorsqu'il s'agit de donner le nom d'une banque qui a causé une crise financière. On ne veut pas se fâcher avec des futurs investisseurs... Alors qu'en parallèle il va citer la Deutsche Bank...

Tout ça est profondément incohérent au niveau de l'écriture de l'univers...
C'est juste désolant. On ne sait pas si c'est censé se passer dans notre monde ou si c'est un peu dans le futur... On est juste dans une sorte de désespoir continu en tournant les pages, Bruce s'enfonçant dans les méandres de la médiocrité.

Et je ne comprends même pas le projet, pourquoi cette histoire devait être racontée ? En quoi elle diffère des 1000 autres thrillers du genre ? Surtout que les inspirations grossières suintent par tous les pores...
Le début c'est quasiment Matrix, un mec normal qui se fait choper au bureau par des types bizarres alors qu'il est prévenu par mail que quelqu'un en a après lui.

Ni talent, ni émotion, mais tant que ça se vend... Voilà la devise de la littérature selon Bruce Benamran.

En fait le livre est à l'image de sa couverture, à savoir un truc vite fait pris de stock image, avec un titre bateau, dans une police d'écriture bateau, mais avec le nom de Bruce en lettres d'or et sa sale bobine en bas pour inciter les gens à le lire... Un produit... c'est juste un produit dérivé de la marque e-penser.

Il nous refait le même laïus parfois que dans ses vidéos (comme quoi il ne peut pas s'empêcher de pomper une fois wikipédia, il faut qu'il s'en resserve encore et encore jusqu'à plus soif) comme par exemple avec le type qui a inventé le Zyklon B... On s'en branle. Mais comme quoi, c'est bien juste un truc en plus qu'il va pouvoir essayer de vendre à ses abonnés à côté des mugs ou des t-shirts (ou que sais-je encore), un recyclage égoïste qui sert son égo et ses finances.

Môssieur Bruce Benamran est auteur de romans maintenant... un artiste !

Le problème c'est que cette fierté d'avoir écrit un roman se transformera vite en honte lorsqu'il se trouvera face à quelqu'un qui a vraiment lu son torchon... C'est indéfendable. En plus c'est long, il en a tartiné 400 pages de sa daube là.

Je sais qu'on pourra reprocher à mon avis de parler trop peu du livre... le problème c'est que c'est juste le néant. Il n'y a rien, donc rien à dire. Peut-être est-ce une oeuvre d'art contemporain que j'ai mal comprise, où il s'agissait de comparer 400 pages vierges avec les 400 pages de Bruce afin de voir lequel était le plus vain...

Sans doute...
On va dire ça...
Pour oublier...