Un roman d’apprentissage
Saul et Rachel ont quitté leur communauté amish du Wisconsin pour Chicago, le temps de leur rumspringa (parenthèse en dehors de la communauté). Temple, de l’Illinois voisin part également à Chicago,...
le 6 nov. 2021
Nouvauté de 2020, "L'âge des possibles" est un roman jeunesse dont la page couverture résume à elle-seule l'histoire.
Je dois dire que j'ai beaucoup de difficulté à finir ce roman, qui me fait penser à une promenade en ligne droite dans un désert. Au début, on est bercé par la chaleur et on est séduit par la perspective de voir un pan de monde. Cependant,ça deviens rapidement ennuyeux, linéaire et je n'ai pas l'impression d'aller quelque part. Je suis soulagée d'en avoir fini.
En lisant la quatrième de couverture, je dois dire que j'avais au moins une attente: celle de voir deux amish être confrontés au monde et de briser les interdits de leur confession. Or, soyons francs, Saul et Rachel sont très sages et très peu entreprenants, tout à leur relation tout de roses et de miel. Ils sont sans cesse bloqués dans élan ou réticents, et au final, auront fait quelques petites extravagances sans réelles conséquences, comme manger des bonbons, visiter un parc et un musé et fait quelques mètres sur un skateboard. Je veux bien croire que certaines choses sont nouvelles pour eux, mais ils viennent de la campagne, pas de Mars!
Temple finit par rejoindre le duo dans la vaste ville de Chicago, très anxieuse jeune fille peu sure d'elle même et dépendante des autres, qui doit rejoindre sa sœur dans cette grande ville.
Éventuellement, les trois jeunes gens se rencontrent et vivent ensemble des aventures assez mineures.
Les trois narrateurs rencontreront plusieurs personnages, tous très gentils et très aimables, qui apportent tous leur grain existentiel à leur quête existentielle. Il y a beaucoup de psycho-pop dans ce livre.
Il y a aussi une tendance des personnages à cliver leur monde entre amishs et citadins, ce qui donne l'impression de nager dans les préjugés et les étiquettes. Ça m'a beaucoup nuit dans la lecture cette impression de jugement persistant.
Aussi, je me demande si l'autrice a fait des recherches sur les jeunes amish qui font leur rumspringa, parce que ça semble improvisé et j'ai l'impression qu'on est plutôt dans "l'idée" que se fait l'autrice du rumspringa. J'ai l'impression qu'il manque de rigueur de ce côté là. Ce roman ne semble donc pas du tout "social et société" comme je l'avais a priori pensé.
Quand à la plume, elle fait parfois inégale. Certains passages me semblait exagérés, comme quand Temple qualifie le nom de sa soeur, "Ida" de "grandiose" ou alors quand Temple a deviné un état d'esprit de Rachel "elle a ressenti une joie à nul autre pareil". Il y a suremplois d'hyperboles à des moments assez anodins. Oui, bon, c'est peut-être juste le personnage qui aime les exagérations, mais j'ai l'impression que les émotions dans le livres sont trop amples pour le petit cadre du livre, trop vives pour des actions plutôt insignifiantes.
Certains moments m'ont semblé clivés, entre les purs petits amishs incorruptibles en tout point et les citadins trop pressés accros à leur téléphone ( dont Temple). Ça manque de nuances et de subtilité. D'ailleurs, pour deux jeunes qui ont fuit leur village pour vivre leur rumspinga sans pré-avis, ça manque de détachement. Ils sont toujours en train de comparer la ville ( Chicago, une très grosse ville en plus) avec leur petit patelin. Ils me donnent l'impression de faire un pas pour reculer de deux. Bref, j'ai eu du mal à être convaincu du bien fondé de leur manœuvre et surtout de la pertinence de leur projet. La seule chose véritablement manifeste est leur désir de vivre leur amour ( un amour très sage et très pur, sans nuances).
Il y a eu quelques belles tentatives de poésie, mais même à ce niveau, certaines phrases 'poétiques" étaient incompréhensibles.
La fin est ouverte, alors on est invité à deviner la suite. En toute franchise, d'ordinaire, j'aime imaginer la suite quand il y a ce genre d'ouverture. Dans ce roman, la seule chose que j'ai ressenti en le finissant est un soulagement et le sort des personnages m'importe peu.
Je me trouve dure par rapport à ce roman, mais au final, je l'ai trouvé maladroit, inégal, rempli de jugement et la guimauve dégouline du cadre ( les émotions sont trop amples pour les actions et évènements). Je n,en tire aucun apprentissage, aucune leçons, aucun plaisir.Ce n'est toutefois pas le pire roman jeunesse que j'ai lu, mais vraiment pas l'un des meilleurs.
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Créée
le 15 déc. 2020
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