Consigny l'enfant du siècle !
Charles Consigny est un enfant du siècle, et les pages de son roman, écrites avec une espèce d’urgence anxieuse, de trouble et d’intensité sont autant de confessions sur les peurs d’une jeunesse en attente, mais vindicative. “ Pour écrire l’histoire de sa vie, il faut d’abord avoir vécu ”… contrairement à Musset, Consigny peut légitimement nous raconter la sienne, ou pour le moins une première partie. Il a en effet, à 24 ans, plus de souvenirs que s’il avait vécu quelques décennies. C’est l’apanage de cette génération de vivre pleinement toutes les expériences sans retenue, sans (faut-il le préciser ?) toutefois posséder les armes pour se défendre. D’où pour certains le recours aux substituts du bien-être : drogue, alcool, médocs, amours contrariés, risques… ces ersatz de la mort (la peur qu’elle provoque) et toute aussi précoce que le reste dans leur esprit. D’aucun pourrait voir dans ce récit que les atermoiements d’une jeunesse dorée… Sagan en son temps a souffert des mêmes critiques… Il n’en est rien, car à contrario de son illustre ainée, Consigny qui abandonne ici sa morgue d’éditorialiste au costume trop grand, retranscrit cette apparente peur de vivre et le combat qu’il mène pour la vaincre. Son roman, concis et précis, d’une puissance phénoménale se place comme le miroir déformant et déformé de notre société et nous inflige un énorme sentiment de culpabilité ! Qu’avons-nous fais pour, et de, notre jeunesse ? Mais loin de brosser un tableau noirci à outrance de cet “ Age tendre », l’auteur nous offre un premier roman sans concession ni pour lui-même ni pour les autres, tout en affichant un bel espoir…