Acteur très connu en Suède (sur certaines photos, il possède un faux air de Jude Law), Jonas Karlsson s'est lancé en littérature en 2007. Spécialiste des courts récits et nouvelles, selon sa biographie, il s'est paradoxalement fait connaître en France par deux romans, assez brefs d'ailleurs, La facture et La pièce, publiés par Actes Sud. Deux sommets d'absurde kafkaïen d'une logique implacable et hilarante pour peu que l'on goûte l'humour scandinave (voir celui du cinéaste Roy Andersson dans une veine plus corrosive). Et voici qu'un premier recueil de nouvelles arrive enfin avec L'ami parfait qui compile 14 récits parus entre entre 2007 et 2011. Le premier sentiment, à leur lecture, est une légère déception tant leur écriture semble moins affirmé, plus naïve presque, que celle de ses romans. Cela est dû à ses sujets, également, qui renvoient à la jeunesse, voire à l'adolescence, avec des préoccupations quotidiennes relativement éloignées de celles de La facture ou de La pièce, ce dernier notamment, entièrement consacré au monde du travail. Mais cette impression initiale se dissout progressivement par la qualité des différentes nouvelles, leur diversité apparente et leurs points communs avec en particulier ces situations inextricables dans lesquelles chacun se met, faute d'avoir réagi trop vite ou à cause de sa propre lâcheté. Ce qui aboutit le plus souvent à des quiproquos et parfois à des catastrophes. En fin de compte, l'on retrouve dans L'ami parfait ce qui fait le sel des fictions de Jonas Karlsson, à savoir cette ingéniosité à pousser le curseur très loin avec un sens parfait du timing, sans épargner le moins du monde des personnages faillibles qui ressemblent par bien des traits, y compris les moins reluisants, à chacun d'entre nous.

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le 24 mars 2018

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