Ni véritable guide des positions sexuelles, ni livre à ne lire que d’une main, en réalité à peine pornographique, cet Art de foutre en quarante manières semble moins intéressant en tant que texte littéraire que comme document sur l’histoire des mentalités. Le texte, prétendument publié en 1789, ayant en réalité vu le jour en 1833, ce n’est pas tant la sexualité qui en constitue le sujet, que la manière dont le libertinage pré-révolutionnaire est envisagé par une société littéraire baignant dans le romantisme : autrement dit, les lubricités du XVIIIe siècle vues par le XIXe.
En tout état de cause, ni le propos général (« Diversité, c’est notre devise, jouir est tout. », XVIIIe manière, p. 41 de l’édition « Mille et Une Nuits »), ni le vocabulaire (« Depuis le pape, le sacré collège, jusqu’au dernier prestolet, tous foutent comme des ânes débâtés », XXIVe manière, p. 62) ne paraîtront étrangers au lecteur de littérature libertine, qui sera donc plus surpris de trouver dans l’ouvrage le nom de Napoléon. L’hédonisme revendiqué crânement, la misogynie récurrente, la figure du religieux paillard, le goût de la classification : tous ces traits non seulement sont au rendez-vous, mais sont encore lourdement mis en lumière, si bien que si l’Art de foutre en quarante manières se laisse lire, il ne surprend jamais.

Alcofribas
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le 19 janv. 2017

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