L'assassinat de la dame de pique par MarianneL
« L'assassinat de la dame de Pique », le deuxième recueil de nouvelles de Julien Campredon paru en 2011, est présenté par son auteur comme des variations sur le thème de l'abdication, du renoncement à ses aspirations.
« Les feuillets mystérieux de Steve Martins », une nouvelle très drôle qu'on pourrait sous-titrer l'absurdité de la routine, raconte l'histoire d'un naufragé qui reproduit sur son île déserte les horaires, les gestes et les petites mesquineries de son travail au bureau, comme s'il s'y rendait encore chaque matin.
« La vision cinétique du monde par Monsieur Aymé Delagrotte » est une anecdote cruellement comique à propos d'un homme ayant développé un système de ventilation expérimental, un homme honteux de son identité méridionale et de son patronyme (il s'appelle en réalité Delacrotte ... et ne mérite vraiment pas de bénéficier d'un patronyme plus heureux).
On se perd un peu dans les méandres imaginatifs de « La griffure du genêt scorpion » et surtout de « L'ultime confession du capitaine Jambon ».
« La vallée des hommes désespérés », version piquante du dépit de trois hommes déçus par les femmes et assaillis par une horde de féministes, porte franchement plus au rire qu'au désespoir. Ici Julien Campredon revêt parfaitement son habit de troubadour trash.
Il y a ensuite « Saint Torero, mémoires de la gitane qui danse » sur le thème de la corrida et avec la basilique St-Sernin en toile de fond, l'histoire d'une tante qui vieillit mal (en fait qui n'accepte pas de vieillir), et enfin la nouvelle éponyme, qui clôt ce recueil, rien de moins que l'abdication finale devant le mal, sous la forme d'un huis clos entre marins à fond de cale.
Un recueil de perles inégales, mais qui se lit toujours avec plaisir.