Justine a 16 ans, elle a devant elle une étendue de vacances : 3 mois. C'est la seule et unique fois où elle aura des vacances aussi longues dans sa vie. Elle s'imaginait voir sa meilleure amie Mathilde, sortir, boire et fumer, aller à la plage, rencontrer des garçons. Mais elle vit à Cressac, un village morne de Charente, la mer n'est pas tout près et si elle veut sortir "en ville", elle doit demander à sa mère de l'emmener.


Et puis, en ce début d'été, un événement horrible est arrivé : une fille de son village, Océane, a disparu. Ce fait divers occupe tout l'espace, inquiète tout le monde, on dirait que plus rien ne devrait exister, sauf cette disparition.


Nous sommes en 2006, les réseaux sociaux n'existent pas encore, Justine possède simplement un portable et un ordinateur sur lequel elle parle avec des copines sur MSN. Elle a 16 ans et elle s'ennuie. Jusqu'au jour où sa mère emploie un jardinier d'une quarantaine d'années : Thierry Vedel.


Justine tombe instantanément sous le charme de cet homme à la vie précaire. C'est l'âge des premiers émois amoureux, du désir qui monte en elle, d'un besoin viscéral d'exister aux yeux des autres. Car Justine se sent invisible : ses parents divorcés ne se battent pas pour l'avoir, au contraire. Son père ne se préoccupe pas d'elle, sa mère la surprotège tout en lui reprochant son existence. Sa meilleure amie Mathilde s'est fait de nouveaux amis et a un petit copain. Elle a dix pas d'avance sur Justine, qui a l'impression d'être toujours une petite fille.


On ressent dans ce roman toute la langueur de l'été : c'est lent, il fait chaud, même caniculaire, c'est fiévreux. Justine s'ennuie, sa solitude et son manque d'amour sont omniprésents. Elle attend avec impatience ses 18 ans pour que sa vie démarre enfin, qu'elle ne soit plus prisonnière de ce village.



Je ne dirais pas que j'ai adoré ce roman, mais qu'est-ce qu'il retranscrit bien l'adolescence ! Je me suis tellement retrouvée en Justine, dans ses pensées, dans ses désirs pour un homme inaccessible, dans cet été qui traîne en longueur, dans ce drame amical. J'ai tout retrouvé des déceptions de l'adolescence.


C'est tellement bien retranscrit que Justine en est presque agaçante, que son immaturité m'a agacée par moments. Pourtant, c'est cela l'adolescence, c'est tout voir sous un seul angle, celui du dramatique et de l'intensité. C'est de penser que tout ce qui arrive est injuste ou pénible, qu'on n'a le choix de rien et aucun contrôle sur notre vie.


Et puis Justine est amoureuse pour la première fois et la description de ses sentiments représente bien l'intensité que l'on éprouve pour l'autre. Le premier amour est un amour singulier, mais qui souvent, se porte sur quelqu'un d'inaccessible, ce qui le rend encore plus dévorant, plus dur.


Le suspense lié à la disparition d'Océane nous maintient en haleine tout au long du roman. Bien que Justine ne sache que peu de choses, son avis sur Océane change au gré des nouvelles connaissances qu'elle a de la jeune disparue. J'ai beaucoup aimé sa façon de voir les choses, de son intérêt pour cette fille, et parfois son désir de ne rien savoir, de ne plus en entendre parler.


Justine me fait penser à une vague : elle déferle avec intensité, puis se retire, loin loin loin. Elle revient, puis repart. Justine est en mouvement, elle quitte le monde de l'enfance pour tenter d'atteindre celui des adultes.


https://telmalitteratures.blogspot.com/2024/08/leblouissement-des-petites-filles.html

Jude
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le 25 août 2024

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