L'école des filles serait l'un des premiers ouvrages de libertinage du XVIIe. Il est composé de dialogues, en deux parties, entre deux cousines, l'une éduquant sexuellement l'autre.
Sur ce canevas, le dialogue engagé est cru, mais peut-être un peu trop naïf. Il est vrai qu'on retrouve cette apparente naïveté dans des dialogues sadiens un siècle plus tard ("Justine") : on peut considérer cette naïveté feinte car pleine d'ironie, fustigeant la médiocrité de pensée sur laquelle repose une morale traditionnelle très puissante à l'époque (les éditeurs ont été pourchassés).
En effet, l'humour qui en ressort est évident et a pu receler un mordant novateur et culotté en son temps. Mais aujourd'hui, personnellement, l'absence de rupture dans le procédé me fatigue un peu à la longue.
Reste que le texte en vieux français est étonnamment encore facile à lire dans la version originale, lisible à la BNF (Gallica). Malgré la tournure vieux François, on parvient à suivre un récit vivant (pas un exploit avec un dialogue) pas trop mal écrit. On est loin des finesses de Sade, mais cela se lit avec amusement. J'apprends avec stupéfaction que l'expression "à gogo" est déjà employée à l'époque!
Charmant, rigolo, un peu longuet sur la fin, une curiosité appréciable.