Tourner en eau de boudin, l'expression est bien vieille. Tourner en eau de boudin, c'est à n'en pas croire ses yeux et pourtant le lecteur est bien témoin de ce miracle aquatique au fil des pages humides de l'Enchantement des lucioles. Ô c'est l'eau, c'est bien l'eau qui nous guide au fil de ces 150 pages prometteuses car vagabondes, de la Hollande des polders au fil tendu sur l'eau du pont de Brooklyn, de la lumière naissante du XIXe siècle au grand jour de nos jours. L'eau de l'océan, l'eau de la rivière, l'eau des toilettes (sic), l'eau qui se transforme une une petite flaque charcutière dans laquelle pataugent deux personnages reliés par le sang à 150 ans d'intervalle. Nulle aventure malgré le programme, mais des ronds dans l'eau. Eau des profondeurs, profondeur des eaux, matrice de la vie comme l'appareil photographique est la matrice de l'image ; matrice de la magie. Magie, tel est l'autre nom de l'image.
Ô grandiloquence !
Ô interjections inutiles ponctuant chaque page !
ABRACADABRA ARBADACARBA, disparition des personnages dans une dernière gerbe d'eau peuplée de lumières éphémères et mouvantes ; ce qui s'appelle, proprement, tomber à l'eau. Ô le désir vibrant de finir ; déjà trop tard.