L’énigme Boissel, le philosophe sans visage par Halion
Par ce surprenant ouvrage, Pierre-Antoine Courouble, instituteur de sa profession, a le grand mérite de prouver que l'érudition, la recherche historique et l'écriture de l'histoire n'est pas uniquement le domaine des universitaires. L'auteur milite à réhabiliter la figure de François Boissel, écrivain et penseur (Jaurès parle même de "pré-curseur du socialisme avant Babeuf") du XVIIIème siècle, mais aussi acteur révolutionnaire. Il fut un membre non négligeable du Club des Jacobins (c'est lui qui, en qualité de vice-président du club, prononcera le discours lors de l'entrée des cendres de Rousseau au Panthéon). Ce personnage, aujourd'hui quelque peu oublié, de l'historiographie révolutionnaire, étonne par l'originalité de pensée : quelques années après Mably et Morelly, mais avant Babeuf, François Boissel s'attaque à la propriété privée, premier maux de la société selon lui. Il milita aussi pour la cause des femmes qu'il considérait même comme plus importante que l'homme (puisqu'elles engendraient l'humanité). Tout comme la branche radicale des Jacobins, il s'opposa à la guerre. Dans la lignée de Robespierre, il dénonça les abus de la religion, mais défendit l'existence d'un "être suprême". Il s'attaqua enfin au mariage, et en cela son point de vue sur le sujet reste mémorable :
"Après s'être approprié et partagé les terres, les hommes ont imaginé de s'approprier aussi les femmes. Afin d'avoir des enfants pour succéder à leurs propriétés."
En ce qui concerne les critiques faites au livre. D'abord l'édition... l'ouvrage est plaisant à tenir entre ses mains, mais c'est écrit gros et les notes sont à la fin du livre, ce qui en rend presque impossible la lecture... quant à la biographie en elle-même... disons que c'est le bazar...